Ce qui saute très vite aux yeux, dans Sunny, plus encore que ses dessins tranchants radicalement avec le reste de la production nippone, c'est le réalisme, parfois attendrissant, parfois violent, des personnages et de leurs situations.
Sunny nous conte l'histoire d'un centre d'accueil pour gamins en difficulté, abandonnés de leurs parents pour la simple et bonne raison que la vie n'épargne personne et certains moins que d'autres.
Sunny, c'est le nom de cette voiture abandonnée dans le jardin du centre dans laquelle ces gamins au quotidien peu enviable pour des types comme moi qui ont eu la chance de grandir dans leur famille vont er leurs journées, rêvant à des courses poursuites rocambolesques, des échappées lunaires ou simplement de rouler jusqu'à chez leurs parents.
Chapitre après chapitre, les nombreux protagoniste de cette histoire sans histoire se présentent à nous. Petit à petit, on fait leur connaissance, on apprend à faire partie de la troupe, on se laisse adopter. D'abord un peu effrayé par ce tapage incessant, on reste un instant interloqué devant ce gros bonhomme chantant en caleçon ; et puis on fini par l'aimer. On est un peu impressionné par ce gosse qui fait mine d'être un grand voyou, et puis on réalise qu'il n'est pas moins sensible qu'un autre. Ce petit gros qui vole tout ce qui brille énerve au premier abord, mais après tout, qui n'a jamais volé à son âge ? Avec un peu de chance, ça lui era. Et puis, s'il crie tout le temps, c'est qu'il a besoin d'attention. C'est tout.
J'ai été totalement emporté par Sunny. Ce manga réussi totalement là où Yotsuba se foire lamentablement. On me rétorquera que les deux n'ont rien à voir, que Sunny est plus mature et sombre là où Yotsuba n'est que kawai et humour léger (et facile). Certes.
Mais c'est sur le traitement des personnages, et notamment de l'enfance, que cette comparaison m'est venue à l'esprit lors de ma lecture. Sunny raconte l'enfance telle qu'elle est : avec ses peurs violentes et ses idées trop noires, avec ses instants de grâce et d'innocence, avec ses rêves un peu ridicules mais qui vous font grandir.
Yotsuba, de son côté, se contente de montrer des enfants par des regards d'adultes ne pouvant s'empêcher de les trouver adorables. Du coup, on rate totalement le thème même de l'enfance. On est seulement spectateur.
Sunny vous fait devenir l'un des gamins du centre, et c'est là sa force. Sunny vous ramène brutalement et avec douceur à la fois au niveau de ses protagonistes.
Et cela laisse un goût chaud et amer au fond du ventre.
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