La superbe couverture dont nous gratifient les auteurs immerge d'un seul regard le lecteur dans un monde fantasmé.
Début du XXème en Europe. Une mutation floristique incontrôlée au cœur de la capitale française a entrainé une situation catastrophique durant la fin du XIXème siècle. Les humains ont depuis appris à vivre avec ces étranges excroissances végétales et animales, même si la plus grande prudence demeure de mise. Les gouvernements n'ont pas tardé à mener des expériences secrètes dans le but d'en tirer profit. La couronne britannique et la semblent être deux nations en pointe dans ce domaine. Le secret est néanmoins bien celé et garde à qui voudrait y regarder d'un peu trop près.
Les protagonistes vont rapidement s'apercevoir que la trop grande proximité avec ces mutations peut se révéler mortelle à plus d'un titre.
Dans cette uchronie que ne renierait pas Jules Verne, les auteurs nous immergent immédiatement dans une ambiance steampunk où la mécanique côtoie l'utilisation de diverses substances végétales aux innombrables usages. Si le dessin de Patrick Laumond est soigné, la mise en couleurs d'Arancia studio est tout bonnement magnifique. La partie architecturale est bluffante, créant une atmosphère immédiatement identifiable, cette nouvelle végétation très colorée est un personnage à part entière et empreint le récit d'un danger latent. La seule petite réserve visuelle provient des visages que je trouve parfois un peu changeants.
Pour l'aspect scénaristique, Denis-Pierre Filippi ne pose pas d'introduction pesante, on entre directement dans le vif du sujet. Le lecteur apprendra au fur et à mesure ce qui a provoqué cette évolution. Pour la partie liée à l'intrigue, c'est un peu plus nébuleux et l'on peine à distinguer les enjeux. Le second tome répondra sans douter à un certain nombre d'interrogations.
Voici en tous les cas, avec Terra Prohibita, un récit qui stimule l'imagination et demande à être développé.