Miyabi Goshima a 30 ans. Champion du monde des poids moyens, invaincu, il dégoûte ses adversaires qui abandonnent la boxe ou changent de catégorie pour ne plus avoir à l’affronter. Il est « Zéro », né pour cogner et vaincre. Il vit sur le ring. En dehors il a une belle demeure, tout ce qu’il faut pour vivre et se déplacer à sa guise mais rien qui ne le fasse vibrer. Jusqu’à ce qu’un jeune boxeur mexicain de 19 ans réveille le cœur du champion.
Zero ne porte donc pas sur l’ascension d’un boxeur mais sur son apogée et le déclin que tout le monde lui prédit : Goshima se fait vieux, il ne peut pas tenir plus de 6 rounds, il doit savoir se retirer à temps… entre les pronostics des journalistes, la vénalité des agents, les dents longues de certains… il ne reste que son entraîneur de toujours pour le comprendre. Comme souvent chez Matsumoto la famille n’est pas là.
En ce tout début des années 1990 Taiyou Matsumoto est un jeune mangaka dont la fougue graphique n’est pas encore canalisée. Son découpage n’est pas très académique, la manière de donner à voir le mouvement des coups et des corps reste perfectible. Si vous aimez le trait réaliste, le respect des proportions, des perspectives ez votre chemin. Le rendu des mains n’a rien à voir avec ce que l’on peut trouver chez Hiroaki Samura par exemple. Et on s’en fiche : parce qu’à travers les pages, l’auteur nous parle du temps qui e, de la vie qu’on mène, de ce qu’on laisse derrière soi… À nous de piocher ici et là pour savoir ce qu’on veut retenir d’un récit traduit par Aurélien Estager.
Zero ou une œuvre qui illustre en pratique ce (célèbre ?) propos : « Toi, moi, n’importe qui, personne ne frappe aussi fort que la vie. C’est pas d’être un bon cogneur qui compte, l’important c’est de se faire cogner et d’aller quand même de l’avant, c’est de pouvoir encaisser sans jamais, jamais flancher. C’est comme ça qu’on gagne ! »