Virgil Vernier nous propose un film très opaque. Personnellement, j'y ai vu une belle escapade en pendule entre le Superficiel et le Profond.
Superficiel: du botox à gogo, des robes à sequins, des artifices de Noël, un collier qui brille, des lumières stroboscopique, une piscine, des jolies pierres, un corps musclé sur lequel on pose des regards lubriques. Les conquêtes sexuelles d'Afine sont réduites en quelques mots: "belle bite, belle bouche, beau cul, mais pas assez entreprenant". D'ailleurs, est-ce un client, ou un petit ami potentiel ? La confusion est volontairement entretenue.
Profond: l'infini grand, la mort, la fin, le traumatisme, l'exploration du monde, l'amitié, l'amour. La peur des "géants" qui détruisent tout sur leur age.
Au milieu du film, une scène de rencontre qui sert de portail magique du Superficiel vers le Profond. C'est une rencontre complètement mystique, avec des chants folkloriques, un rite obscure. On ne comprend pas vraiment ce qui se e, mais l'utilisation des ellipses est particulièrement intelligente dans le film car elle nous pousse à nous poser des questions sans nous marteler de mystères opaques.
Mais là où le film est malin, c'est qu'il ne montre pas du tout une supériorité du Profond sur le Superficiel. Le Profond tourne à vide, il est complètement opaque: comme cette île dont on est pas certain de comprendre le but, de savoir ce qui se trame là-dedans. Le mystère concernant l'identité des parents est d'ailleurs entretenu.
De même, on demande toujours à Afine d'arrêter d'être feignant, de faire quelque chose de sa vie. Mais quoi ? On ne sait pas. Les discours à ce sujet sont toujours très abstraits.
A noter aussi une scène très belle avec la femme en robe rouge, qui paraît complètement folle, en dehors du monde, alors qu'elle se contente de dire des banalités. Je ne suis pas certain de comprendre la symbolique de cette scène, mais je trouve qu'elle met bien en perspective le reste du film sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi (ce qui prouve à mon sens la beauté de l'oeuvre).