Rarement un film n'aura trouvé des mots aussi justes pour parler de la femme. Des femmes. 17 ans, 30 ans, 55 ans. Veuves, amantes, amies, malades, seules, artistes, libres, heureuses, malheureuses, caractérielles, belles.
20th Century Women dresse trois portraits de femmes atypiques. Julie, c'est le genre de filles qu'on ne peut pas cerner, qui couche avec plein de gars, insoumise et qui raconte comme ça, à un dîner, sa première fois. Abbie c'est la femme punk et artiste, qui danse sur du rock, qui est sensible mais qui paraît intouchable parce que la vie ne lui a jamais fait de cadeau. Et puis il y a Dorothea. C'est une femme forte, inventive et drôle mais c'est aussi une mère avec ses inquiétudes, ses questionnements à propos de l'avenir de son fils.
Alors voilà, c'est l'histoire de ces trois femmes qu'on envie pour tout ce qu'elles sont et tout ce qu'elles représentent.
Mais c'est aussi l'histoire de Jamie, le fils de Dorothea. C'est grâce à lui qu'on aura tous ces dialogues touchants, marquants et si plein de justesse. C'est grâce à lui qu'on comprendra Julie et sa relation complexe avec les hommes, qu'on aura les meilleurs dialogues du film sur les rapports sexuels entre hommes et femmes et l'orgasme féminin. C'est grâce à lui qu'on arrivera à forcer la carapace d'Abbie et découvrir une jeune femme dingue,
(la scène du dîner à la fin restera mémorable notamment grâce à elle)
intelligente, d'une grande sensibilité et féministe. Et enfin, c'est à travers Jamie qu'on découvrira l'amertume de sa mère. Le personnage de Dorothea, donc la mère, est vraiment ambigu. Elle est comme partagée entre une femme courageuse, pleine de folie, à l'humour mordant et une mère raisonnable qui a peur pour son fils. Les relations qu'ont les trois femmes avec Jamie sont toutes intéressantes parce qu'elles lui apprennent toutes quelque chose mais, la relation primordiale est celle de la mère et du fils. Le fils qui ne sait jamais comment aborder les sujets importants avec sa mère,
la mère qui sent son fils s'éloigner d'elle, ça lui fait mal mais paradoxalement elle semble le repousser.
Au-delà de ça, le film a quelque chose de spécial, de fragile et de sincère. C'est assez inexplicable... Faut simplement se laisser emporter par l'histoire, par ses maladresses, par la force de son propos et puis se laisser émerveiller par ces trois femmes.
20th Century Women n'en fait jamais trop : toujours plein de justesse (c'est assez fascinant de voir à quel point il reste égal à lui-même tout le long), jamais prétentieux. A travers une BO géniale, quelques superbes plans, des dialogues savoureux, des situations parfois drôles, parfois tristes (et qui font toujours effet) Mike Mills nous livre un film beau et sincère avec trois portraits de femmes géniales (parfaitement interprétées par Annette Bening, Elle Fanning et Greta Gerwig) et le portrait d'un jeune homme extrêmement touchant (Lucas Jade Zumann).
Énorme coup de cœur pour ma part.
EDIT : revu le 11 mai 2018. C'est un film magnifique qui m'a encore plus touché que lors de mon premier visionnage à sa sortie. C'est un film sur les femmes, sur toute une époque mais aussi sur le monde.