Sandra, même alcoolique tu restes belle
J'aime bien Sandra Bullock, mais j'avoue que je craignais le pire au vu du pitch... Il est tellement facile de sombrer dans le misérabilisme lorsqu'on traite de l'alcoolisme ou autre addiction néfaste de ce genre. Et pourtant, Betty Thomas y parvient grâce à une mise en scène légère et à un scénario construit plus comme une comédie que comme un drame.
En effet, l'histoire, assez sombre en soi, est écrite sur le ton de l'humour. Depuis les répliques sarcastiques qui amusent aux situations parfois absurdes. Beaucoup d'autodérision de la part de la scénariste qui écrit là peut-être une histoire autobiographique. Malheureusement, cette qualité de la légèreté fait aussi le défaut du film : é les conflits de la première demie heure, les accrocs se font de plus en plus rares et la bonne humeur ambiante finit presque par étouffer le spectateur. Ce n'est pas du misérabilisme mais c'est presque le contraire. Néanmoins, l'auteur sauve son projet grâce à de belles scènes touchantes et drôles (la reconstitution de la série à la fin est très drôle). Je reproche aussi une utilisation excessivement inutile du flashback.
Visuellement, la réalisatrice me laisse mitigé. D'un côté tous les flashbacks et toutes les séquences de beuveries tournées selon un style épileptique, sans aucun effort de mise en scène. Et d'un autre une mise en scène classique, posée, efficace pour les scènes dans le centre. Cette différence de style choque surtout que la première n'apporte absolument rien si ce n'est un effet facile. Les acteurs sont assez bons, on a d'ailleurs droit à un chouette casting : Buscemi très sobre, Mortensen en baseballer accroc à l'alcool et un peu au sexe, et puis surtout la belle Bullock qui délivre là une très belle performance (quelle détresse lorsque ses mains tremblent).
Bref, un petit film sympathique traitant de l'alcoolisme, où l'on évite les lourdeurs du misérabilisme, mais où la légèreté empêche parfois d'amener plus de conflits, et donc de tension.