"-Tu sais, les années 70, c'étaient comme ci [...] Et puis, on a été obligé de ranger nos idéaux au placard... C'est pas forcément facile de vieillir, surtout à mon âge. Remarque, t'as peut-être raison, vaut mieux pas construire sa vie sur des regrets."
J'aime les vieux.
Les aînés, les séniors et pas séniles, les gens qui "ont du vécu" , qui ont des choses à me dire, du haut de leur sagesse.
J'aime ce vieux.
J'aime l'entendre se dire que, malgré tout, il repense à sa jeunesse le sourire aux lèvres, j'aime à ne rien dire, voir en poindre un sur les miennes quand je constate que la nostalgie des anciens nourrie mes espoirs.
C'est beau, un homme qui parle du temps é.
C'est beau quand c'est un regard sincère et tendre qui est posé. Ce regard, ce film le pose au présent sur des hommes du é au futur incertain.
C'est un fils qui découvre son père en faisant un film, c'est touchant.
C'est un microcosme familier que celui de la boutique.
C'est la fermeture d'un commerce qui représente bien plus qu'un simple lieu. C'est un abri, où des gens se rencontrent et vivent ensemble.
Ce film aussi, c'est un abri, pour que les "c'était mieux avant" ne puissent y pénétrer, laisse parler le temps, ce temps qui questionne et émeut ; laisse parler le quotidien, de ces hommes et femmes qui vivent, au rythme de Bricomonge , depuis 30 ans, ensemble.
C'est un film qui parle de ce qui est, de ce qui était, de ce qui s'éteint.
Je ne m'attendais pas, en allant voir 68, mon père et les clous, à ressentir l'envie de poursuivre ce dialogue avec le film et les filmés, ces gens de la vraie vie, qui me construisent et se construisent.
Regard bienveillant/10