A Real Pain a cette qualité de filmer un voyage initiatique, avec des protagonistes qui sont en crise d'identité, cherchent à savoir qui ils sont et d'où ils viennent, avec des questionnements que chacun se pose de plus en plus et que l'on a tendance à ériger comme les questions les plus importantes (qui suis-je et l'identité), tout en le filmant dans sa profonde banalité et quasi absurdité. On aurait pu avoir un film lourd, avec de l'emphase, sur un grand récit initiatique et des personnages qui se découvrent, etc. et finalement non, Jesse Eisenberg nous montre ce récit de façon banale, presque décevante, comme si cela ne servait à rien : finalement les grands questionnements sur l'identité, c'est de savoir si on doit s'assoir en première classe, c'est de poser des cailloux sur une tombe d'un inconnu, et c'est se retrouver face à la maison de sa grand-mère, étape du récit que l'on a tant attendu tant elle était censé apporter ce que les protagonistes cherchaient, un sens à leur vie, et finalement la maison est banale, décevante, on ne la visite pas, et on se fait enguirlander par le voisin. Il y a un vrai côté jouissif à regarder des scènes banales avec des protagonistes qui pensent vivre quelque chose d'hors du commun. Un vrai décalage où le film est le plus brillant. Et on se retrouve face au côté illusoire de ce type de quête, qui dans la plupart des cas, ressemble plus à des vacances qu'à une introspection.