C'est lent mais c'est pas Cheang.
Quand un film commence par un accident ressemblant aux clips de propagande de sécurité routière qui disent que si tu dées la limitation de vitesse de deux kilomètres heures, tu risques d'étaler ta cervelle sur ton pare-brise (ou pire, si tu survis, de devoir t'acquitter d'une amende qui te fâchera avec ton compte en banque), j'ai tendance à me mettre immédiatement sur la défensive.
S'ensuit un nouvel accident. L'enchaînement des évènements, beaucoup plus improbable, laissent entrevoir un premier assassinat déguisé mais surtout la crainte d'assister à une heure et demi de catastrophes improbables.
Heureusement, tout se délie très vite lors du second meurtre, troublé par un accident au sein même de l'accident, renvoyant le "cerveau" du groupe face à ses propres démons. Doute sur la mort de sa femme (Le premier accident. Ouais, je l'avais pas précisé), peur d'un complot visant à l'éliminer, paranoïa...
J'ai toujours eu une affection toute particulière pour les personnages mutiques. En dire beaucoup, tout en parlant peu.
Tout le film tourne autour de ce "cerveau". Personnage hanté, sobre, froid, organisé et silencieux qui, à force de vouloir tout contrôler perdra irrémédiablement le contrôle.
Avec une réalisation anxiogène, un perpétuel soucis du détail, une ambiance à la fois sombre et mélancolique, un script parfois brouillon mais brillant (en tout cas meilleur que mes trois premiers paragraphes...), Soi Cheang nous sert sur un plateau un thriller concis, obsédant, sur fond d'extrême solitude.
Percutant.