« Amityville » est un film où il est intéressant de ne pas voir. La meilleure idée de Rosenberg est de ne jamais réellement matérialiser le mal terré dans la maison, et donc de jouer de l'art de la suggestion : on ne découvre ainsi jamais vraiment le visage de l'entité qui hante la demeure, mais on le ressent souvent, parfois de manière presque organique – à travers la faciès d'une mouche filmée en insert. Le problème du film résiderait alors dans l'exploitation de cette idée, dont le film refuse d'aller jusqu'au bout. Comme si on se sentait obligé de toujours franchir des paliers supérieurs dans la découverte de l'horreur : plusieurs scènes inutiles et presque maladroites viennent ainsi alourdir le récit et la tension jusqu'alors savamment distillée (à l'instar de la découverte sous l'escalier de la cave). De même, l'utilisation parfois ad nauseam de la musique hermannienne présente peu d'intérêt.
On ne peut donc quitter ce film sans y laisser quelques regrets : peut être ceux de n'avoir pas vu une œuvre parvenue à totalement s'affranchir des codes du genre, ou du moins s'y tenant comme un enfant obéissant sans conviction aux règles fixées par ses parents.