Anora
7.1
Anora

Film de Sean Baker (2024)

Voir le film

Un drame réaliste puissant

Anora de Sean Baker s’impose comme un film d’une puissance rare, alliant réalisme brut, humour subtil et satire sociale poignante. Le réalisateur explore le milieu des travailleuses du sexe contemporain en capturant une réalité dure et froide.

Anora ne se contente pas de montrer les vies de ces femmes ; il s’attarde sur leur rapport complexe aux élites économiques qui, en dépit de moments de proximité et d’apparente intimité, peuvent les écarter sans hésitation dès qu’elles ne servent plus leurs intérêts. Cette confrontation rend le film terriblement humain, brutal et touchant, révélant les rêves et désillusions d’une jeune femme aspirant à s’émanciper d’un milieu qui la limite.

La deuxième partie du film, axée sur la quête pour retrouver Vanya semble au premier abord lente, voire répétitive. Pourtant, ce choix narratif révèle toute l’habileté de Baker. Ce age en longueur impose au spectateur le retour progressif à une réalité où les illusions se dissipent. Le spectateur s’immerge dans cette quête, ressentant lui-même ce mélange de lassitude et de vérité qui rend “Anora” profondément crédible.

La dynamique entre Nora et son garde du corps russe, qui finit par comprendre et même protéger la jeune femme, ajoute une dimension émotionnelle et philosophique au récit. Leur relation évolue au fil du film, ant de la violence à une forme de complicité inattendue. Ce lien rend visible la morale de l’œuvre : malgré ses rêves, Nora réalise que le monde est bien plus cruel qu’elle n’aurait pu le croire, et que l’émancipation est souvent une illusion fragile.

Anora est un film brillant, touchant et implacable, qui nous rappelle avec force la dureté d’un monde où les plus puissants dictent les règles et restent impunis de leurs excès. Anora est une œuvre qui marque, non seulement par son réalisme, mais par la sincérité avec laquelle elle aborde des thèmes rarement explorés avec autant de profondeur. Un film dur, drôle, burlesque, social, qui donne matière à réfléchir.

Dernière scène magistrale, le bruit du moteur du vieux break résonne encore quand les images se dissipent.

8
Écrit par

Créée

le 11 nov. 2024

Critique lue 10 fois

felixcoillard

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Anora

la Reine des neiges et la citrouille

C'est l'histoire d'une fille qui rêve d'être Cendrillon. Qui aurait pu croire que les carrosses se transforment toujours en citrouilles bien avant minuit quand le prince charmant est un oligarque...

Par

le 30 oct. 2024

136 j'aime

9

Cendrillon et le rêve (russo-)américain !

Tout d'abord, à ma grande honte, c'est le premier film de Sean Baker que je vois, donc je ne ferai pas de comparaison avec ses autres œuvres, qui sont autant de futurs visionnages, pour cre une...

Par

le 31 oct. 2024

61 j'aime

Une Palme par défaut ?

Encore une fois après Red Rocket, je me pose la question du pdv de Sean Baker sur ce qu'il filme. J'ai l'impression qu'il n'interroge pas les fantasmes masculins qu'il met en image. A savoir ici, sa...

Par

le 20 sept. 2024

39 j'aime

7

Du même critique

Un drame réaliste puissant

Anora de Sean Baker s’impose comme un film d’une puissance rare, alliant réalisme brut, humour subtil et satire sociale poignante. Le réalisateur explore le milieu des travailleuses du sexe...

le 11 nov. 2024

Pensées brillantes qui n'ont pas pris une ride

Le paroxysme de la pensée abstraite qui, grâce à une plume pure et précise, réussit à rationaliser en détail des raisonnements d'ordre généraux. D'une brillante actualité. A coupler avec le livre de...

le 23 mars 2020

Le meilleur récit de voyage du jeune Tesson

Il flotte une atmosphère humide dont Raciwz écrit qu'elle lui avait indiqué l'approche du lac et qu'elle rend les gens mélancoliques quand ils vivent longtemps au bord de l'eau. La mélancolie est une...

le 21 oct. 2019