Découvrir As Tears Go By après avoir vu une bonne partie de la filmographie de Wong Kar-Wai est une expérience plutôt intéressante, tant on a du mal à reconnaître le futur créateur d'Mean Streets de Martin Scorsese.
Pourtant, s'il y a bien un aspect sur lequel le cinéaste est reconnaissable, c'est son désintérêt pour l'action et une intention particulière sur les petites choses de la vie, les rencontres amoureuses et les dilemmes qui suivent. Ici, l'aspect mafieux n'a que peu d'intérêt finalement, tout juste à faire avancer le récit, mais Wong Kar-Wai parvient à capter toute la tension amoureuse venant d'Ah Wah et Ah Ngor.
Il faut en effet attendre que la toujours sublime Maggie Cheung entre en scène pour que le film prenne une dimension particulière, et il faut bien l'avouer, de l'intérêt. Il pose un regard délicat sur la complexité des sentiments, le problème de l'éloignement géographique et les divers dilemmes liés à ce que notre héros rencontrera à l'avenir. Le côté dramatique est assez fort, tout en restant dans la rue et dans un univers violent, et Wong Kar-Wai parvient à créer une atmosphère forte, prenante et romanesque.
As Tears Go By est aussi une oeuvre de référence, à Scorsese évidemment mais aussi à la nouvelle vague, où le final, par exemple, rappelle A Bout de Souffle. On retrouve quelques aspects plastiques novateurs et participant à l'ambiance, mais surtout, et déjà, un certain savoir-faire du cinéaste Hong kongais derrière la caméra, notamment dans le rythme. As Tears Go By est aussi vivant grâce au couple composé d'Andy Lau et l'inoubliable Maggie Cheung.
S'il n'atteint pas la maestria des films de l'âge d'or de Wong Kar-Wai, As Tears Go By n'en reste pas moins une oeuvre plutôt prenante, où le cinéaste démontre déjà un grand talent pour mettre en scène la complexité des sentiments.