« BAC Nord » présente une intrigue captivante, visant à restituer avec fidélité le contexte des quartiers Nord de Marseille. Si la représentation directe et réaliste des conflits est indéniablement réussie, une certaine lassitude, voire des interrogations, surviennent face à une vision stéréotypée dans plusieurs séquences. L'emploi de procédés stylistiques accentuant la sensibilité de ces quartiers, qu'ils soient intentionnels ou non, et confortant l'idée sous-jacente d'une nécessité de la violence et de l'intransigeance pour leur salut, peut paraître excessif. Néanmoins, le film adopte heureusement un tournant inattendu après une heure de projection, avec l'introduction d'une forme de police des polices. C’est assez bien vu et même si on aurait pu aller plus loin à mon goût dans ces conflictualités qui donnent le tournis, on comprend bien à quel point les vrais perdants de l’histoire sont brigadiers de la BAC. Ils se retrouvent bien souvent seuls, confrontés au besoin de faire des résultats en amont mais abandonnés par la hiérarchie en aval lorsqu’il s’agit de valider ou défendre des méthodes qui sortent du cadre pour une très grosse prise. Il s'agit d'un cercle vicieux. Personne ne souhaite être impliqué, et c'est finalement la jeune informatrice qui est dénoncée… Le récit est à la fois cruel et profondément poignant, notamment au regard des conditions opérationnelles difficiles de ces unités atypiques. Elles doivent faire le sale boulot sauf que l’on comprend bien que tout est perdu d’avance ; récupérer 5 kg de cannabis ou de cocaïne ne pourra pas « sauver » ces quartiers.