J'aime bien les Coen, habituellement, c'est du cinéma intelligent et divertissant.
Cet opus de (relative) jeunesse est beaucoup plus prétentieux et beaucoup moins enlevé que les suivants, ce qui est plutôt positif si on y pense un peu : toutes les carrières ne tournent pas forcément au pire. Que les frères aient renoncé à ce style lynchien de premier de la classe qui n'a rien à dire mais s'écoute le répéter interminablement est une excellente chose pour eux comme pour nous. Turturro surjoue en permanence, mais on le comprend : comment défendre ce personnage d'écrivain de théâtre engagé et torturé qui se vend sans transition à la pire production de masse ? Comment expliquer que cet intello se prenne soudainement d'affection pour son voisin beauf qu'il ignorait complètement ? Comment expliquer que ledit voisin gentiment beauf s'avère foldingue à souhait finalement ?
Alors, certes, on peut parler de l'angoisse de la page blanche, de surréalisme, de mise en perspective des rapports de classe, de la judéité, de mise en abîme de la création, de la question de la légitimité culturelle, de mise en abîme du cinéma et de tout ce que vous voudrez, mais j'y vois surtout un grand, grand vide.