Ladj Ly savait pertinemment que son après "Misérables" allait être scruté de très près. Le réalisateur, tout en se renouvelant, reste fidèle à son cinéma engagé et politique axant son film autour de l'urbanisme en banlieue, un thème qui peut a priori sembler peu exaltant mais qu'il sait rendre ionnant, en échafaudant un film choral, où l'on sait certes dans quel camp il se situe, mais en ne condamnant personne sans juger et en donnant de l'espace à chacun de ses protagonistes, quel que soit ses idées pour "le mieux vivre ensemble", puisque c'est l'idée générale qui est censée prévaloir dans la modification de l'habitat social des cités. Réalisé et monté avec efficacité, Bâtiment 5, sans doute moins intense que Les Misérables, mais pas moins dense, laisse monter la tension jusqu'à l'acmé de son dénouement. Brillant sans ostentation, le film bénéficie d'une écriture sans ratures, au fil d'un récit dont la puissance se construit scène après scène. L'interprétation est aussi parfaitement calibrée pour ne pas céder à une quelconque caricature et le moindre petit rôle fait mouche. Mais dans ce concert bien accordé, c'est de loin la remarquable Anta Diaw qui impressionne le plus, une personnalité lumineuse dans un univers aux teintes bien plus sombres.