Nous sommes en 1993. Forts du succès de la série animée Batman, les auteurs de celle-ci se lancent rapidement dans un long-métrage, situé dans le même univers fictif (le fameux DCAU). Ils décident de donner une origine à leur Batman, en s'inspirant partiellement de Year One. Et quelle origine !
Envisagé à l'époque comme un moyen de conclure la série, le film se plonge en détail dans la tête de ses personnages (Bruce Wayne en tête), pour expliquer leurs motivations, leurs actions. Ce qui commence comme une banale enquête policière pour le justicier masqué va rapidement raviver ses vieux démons, et on en apprendra beaucoup sur le pourquoi du comment de l'origine de Batman. L'histoire va se dérouler de manière fluide, avec beaucoup de ages mythiques et essentiels.
La scène au cimetière où Bruce, en larmes, supplie ses parents de le libérer de son serment car il pense avoir trouvé le bonheur, est bouleversante, et nous fait réaliser un fait essentiel : Bruce Wayne n'est pas Batman par choix, et il préférerait ne pas l'être. Cette scène n'est qu'un exemple de la profondeur du récit. Le personnage du Fantôme Masqué est un reflet déformé de Batman, qui le met face à ses propres contradictions et lui rappelle ce qu'il aurait pu devenir sans une discipline stricte. Tout est extrêmement bien mené, le é et le présent interagissent et se répondent sans cesse, et ce jamais de manière gratuite. L'humour n'est pas non plus absent de l'histoire, avec quelques échanges verbaux Batman/Alfred ou Bruce/Andrea assez salés.
Le format le permettant, on a droit à quelques éléments jamais vus dans la série. Déjà, il y a du sang, des morts, et même des cadavres : la scène où le Fantôme Masqué retrouve Sal Valestra assassiné par le Joker est assez impressionnante. Ensuite, il y a quand-même la toute première rencontre entre Batman et le Joker (alors qu'aucun des 2 n'a encore adopté sa personnalité respective) dans une scène jouissive qui préfigure leur future haine mutuelle. Le Joker, qui n'est pas ici le méchant principal, est irablement bien utilisé. Bruce Wayne a aussi droit a une vraie histoire d'amour poignante, pas gnangnan, bien écrite, et servant complètement le propos de l'histoire.
Un autre aspect très réussi de ce film est la création d'un nouveau méchant, original, bien écrit et qui colle parfaitement à l'ambiance du film et de la série animée. Là où la plupart des adaptations du Chevalier Noir mettent en scène toujours les mêmes vieux méchants (qu'on aime quand même, attention), ce film a les bollocks d'en proposer un nouveau, qui a la trempe de devenir un ennemi de premier plan. On en vient presque à regretter que le Fantôme Masqué n'ait jamais intégré le canon officiel des comics comme ont pu le faire Harley Quinn ou Renee Montoya. Selon moi il en avait complètement le potentiel.
Le style d'animation est le même que pour celui de la série animée, avec quand-même un changement majeur : la plupart des scènes en flash-back se déroulent le jour, sous un soleil éclatant, ce qui était très rare dans la série animée. Le contraste entre le é brillant et prometteur et l'avenir sombre et désabusé (symbolisé par la foire de Gotham), est tout simplement saisissant, et est un des aspects primordiaux de cette histoire. Le design du Fantôme Masqué, inspiré d'un personnage peu connu des comics, est très réussi, et correspond tout à fait à l'esprit sombre du récit.
La musique, toujours composée par Shirley Walker, est tout à fait dans l'esprit de la série, et se marie parfaitement à l'ambiance du film. Les acteurs, les mêmes que dans la série (avec quelques nouveaux), sont toujours aussi convaincants, Mark Hamill en tête.
En un peu plus d'une heure, on a donc une histoire d'amour, une enquête policière, une genèse de Batman, des scènes d'actions, une histoire de vengeance, des personnages bien définis et bien développés. Le tout se fait de manière très cohérente, très fluide, pour nous amener jusqu'au final inoubliable, qui évite soigneusement le happy-end, qui n'aurait pas du tout convenu à cette histoire.
Une parfaite conclusion à la série animée originale et, selon moi, tout simplement le meilleur long-métrage sur Batman, toutes catégories confondues. Dommage que les producteurs aient ressenti le besoin de faire SubZero après...
Et puis merde, j'avais mis 8, mais rien que pour cette scène : http://youtu.be/-W7DMQRDg94, je rajoute un point ! Selon moi, aucune autre scène (live ou animée) n'a jamais aussi bien capturé l'essence même du chevalier noir.