Gros four lors de sa sortie en salles en 1983, « Brainstorm » demeure pourtant, quasiment trente ans plus tard, l'un des films fantastiques les plus originaux et ionnants jamais écrits. Premier métrage du génial Douglas Trumbull, plus connu pour être le cerveau derrière les effets spéciaux de « 2001 : L'odyssée de l'espace », « Rencontres du 3e type », « Blade Runner » ou « Tree of Life », « Brainstorm » raconte la quête d'un groupe de scientifiques travaillant sur une interface cerveau/ordinateur promis à révolutionner le monde du loisir et de la communication, puisqu'elle permet à chacun de diff, directement dans le cerveau, expériences, sensations, fantasmes, souvenirs, hallucinations préalablement enregistrés par quelqu'un d'autre grâce au même dispositif. Ou de contrôler à distance avions, hélicoptères, fusées, soldats, voitures, etc. Au-delà de la problématique éthique soulevée par la mise sous tutelle du labo par le Pentagone, des questions physiologiques ou métaphysiques se posent rapidement : que se e-t-il si on se ree en boucle un orgasme, ou si quelqu'un enregistre sa propre mort, si on diffuse à ses proches des traumatismes enfouis, etc. ? Autant de thèmes habilement développés dans un film qui tient en réalité autant du thriller paranoïaque que du registre spéculatif, ayant visiblement inspiré nombre de cinéastes plus récents, parfaitement équilibré entre scènes d'action, de réflexion, de suspense, ages oniriques, dramatiques, comiques, moments violents ou extatiques. Si l'intelligence du propos ou l'audace visuelle n'étonneront guère les connaisseurs de Trumbull, il est étonnant de constater que le film n'a, je trouve, que très peu vieilli, malgré le parti pris technologique du réalisateur, loufoque dans les années 80, encore futuriste en 2012. Seul pincement au coeur : assister aux dernières scènes de Natalie Wood, morte pendant les prises de vues, et voir Christopher Walken livrer une performance touchante et intense qu'il ne renouvellera guère plus tard sinon dans King of New York ou Batman...
Bref, un très grand film qui mériterait une réhabilitation et un beau remaster en Bluray.