Brazil
7.7
Brazil

Film de Terry Gilliam (1985)

L'erreur est humaine.

Cela fait un jour, vingt-quatre heures, mille quatre-cent quarante minutes, quatre-vingt six mille quatre-cents secondes, que je pense à ce film. Et depuis tout ce temps, mon cerveau est en marche. Il réfléchit, il transmet des ordres à mes organes, et c'est moi qui le contrôle. Non ?
Je suis libre, n'est-ce pas ? Attendez, vous me faites douter. Vous voulez dire que quand j'ai voulu acheter cet aspirateur, ce n'était pas moi qui le voulait ? Je le sais, tout de même, ce n'est pas la société qui me contrôle, qui me fait faire ce qu'elle veut, pour qu'il n'y ait pas d'erreurs. Je suis humain, je suis libre. Je suis totalement libre depuis un jour, vingt-quatre heures, mille quatre-cent quarante minutes, quatre-vingt six mille quatre-cents secondes. Du moins c'est ce que je crois.

Happiness, we are all in this together !

Hier soir donc, j'ai regardé Brazil. Je ne sais pas vraiment quoi dire sur le film lui-même, la moyenne parle toute seule. C'était beau, plein de détails, l'histoire est parfaite, allez voir les autres critiques si vous voulez lire quelque chose d'objectif. Moi j'ai décidé de ne parler que de mon ressenti, dans cette critique. En même temps, je l'écris d'abord pour moi, pour évacuer toutes ces pensées qui me dérangent, qui me bouleversent, qui me font poser beaucoup trop de questions.

Happiness, we are all in this together !

J'aurais pu parler de cette musique parfaite, de ces acteurs parfaits, de cette réalisation (plus que) parfaite, de ce scénario parfait. Happiness, we are all in this together ! Mais surtout de ce matraquage de cerveau, comme ces panneaux publicitaires qui bloquent la vue du véritable monde. Happiness, we are all in this together ! De ce choc, oui, ce choc, cette torture, ce tuyau qui est rentré dans ma tête et qui l'a vidée. Mais tout va bien, tout est parfait. Oui, tout est parfait. Happiness, we are all in this together, d'accord, c'est bon, vous avez compris ?

Happiness, we are all in this together !

Depuis hier soir, je suis devenu méfiant. Méfiant envers moi-même, suis-je au moins moi-même ? Je fais attention, je fais attention dès que je vois une publicité à la télé. C'est incroyable à quel point j'ai été bouleversé. Vraiment, j'ai pas envie de vivre ce malaise permanent jusqu'à mes 80 ans. Je suis méfiant envers tout le monde. Et si j'avais subi un lavage de cerveau ? Ohlala. Calme-toi Théo. Ce n'était qu'un film. De plus en plus proche de la réalité, de plus en plus fou, de plus en plus effrayant, mais ce n'était qu'un film.

Happiness, we are all in this together !

Je ne sais pas si vous vous rendez compte à quel point cette fin m'a touché. Pendant tout le film j'ai hésité entre 9 et 10, puis vers la fin j'étais sûr de mon 10, parce que c'était quand même bien épique, et puis il y a eu cette dernière minute. Ces dernières images. Ces dernières paroles. Top 10. Oui, je suis faible, je me suis fait avoir, emporté par le film, plein d'espoir. Hahaha, de l'espoir. C'est déé, l'espoir. Aujourd'hui plus personne n'en a, de l'espoir. Mais je ne parlerai pas plus de cette fin, ou plutôt ce final (parce que final ça fait encore plus épique), car je ne veux pas gâcher le plaisir aux générations futures qui regarderont ce film. Et qui se demanderont peut-être ce qu'il a de si génial, ça il est bien normal aujourd'hui de ne plus faire d'erreurs.

Shit, we are all in this together !

Après le film, j'ai eu dix minutes assez dures. Je me sentais tellement mal, je ne savais pas trop quoi faire entre crier, vomir, pleurer, sauter par la fenêtre, secouer quelqu'un, un peu de tout. Ah, j'en ai encore des frissons, des bouffées de chaleur, je me sens vraiment pas bien. J'y ai cru, et je me suis tellement fait avoir. Et je retourne à mon monde, "quelque part dans le 21ème siècle", perturbé. J'ai vu Brazil, ma vie a changé, rien ne sera jamais plus pareil. Je regarde le monde d'une autre façon. Mais il n'y avait pas d'espoir, c'était tellement affreux. Vous vous rendez compte ? Je ne peux dire qu'une chose.

Return, I will, to old Brazil.

Ce coin de paradis, cet échappatoire que l'on connait tous, ce rêve qui nous permet de se réfugier de la réalité. Mais si le rêve était la réalité, et la réalité était le rêve ? Je suis perdu. Je ne comprends plus rien. Je suis soufflé, essoufflé. Ce film m'a rendu dingue. Je ne sais plus ce que je dis, cette critique est inutile, je crois que je vais sauter par la fenêtre. De toute façon il n'y a plus aucun espoir.

Return, I will, to old Brazil.

Tout à l'heure j'ai vu la bande-annonce de Wall-E sur M6. (Retuuuurn...) Il y avait Brazil en musique de fond, et tout à coup j'ai eu un énorme frisson. (...I wiiiiiiill...) Des bouffées de chaleur, je me suis senti aussi mal que hier soir. (...To oooooold...) Il faut vraiment que je me calme, je vais pas pouvoir continuer comme ça.



(...Braaaaziiiiiiiil...)
10
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le 5 juil. 2012

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