Tas de viande !

Jusqu'à présent, ma seule expérience avec Gaspard Noé, c'était Irréversible, à sa sortie en salle. Depuis, j'ai été vacciné. Alors, rien d'autre jusqu'à présent.
Et me voilà à tenter à nouveau l'expérience. Le diptyque Carne/Seul contre tous arrive avec une réputation de films violents, glauques, limite inables. Une fois de plus, j'ai peur de la provoc' gratuite, des images chocs mais vides de propos, de la volonté de faire sa pub en créant artificiellement un scandale, bref de tout ce qui m'avait rebuté dans Irréversible.
Le début de Carne semble justifier mes peurs. Un cheval qui se fait tuer et dépecer, mis en parallèle avec la naissance d'un bébé filmée avec une crudité rare. Voilà comment ça commence. A cela, il faut ajouter un montage choc, violent. Et un propos franchement immoral, comme le père irrésistiblement attiré par les rondeurs naissantes de sa fille...
Et pourtant, lorsque l'on débarrasse Carne de ces scories, le reste est plutôt intéressant.
Intéressant parce que Gaspard Noé met en scène une que personne ne montre. Une inculte, toujours plongée dans des réflexes de barbares, une raciste, aigrie, convaincue que seule une vengeance par la violence pourrait rétablir une justice dont elle se sent forcément lésée.
C'est aussi le portrait d'un monde où la morale n'existe plus. Débarrassé toute forme de transcendance, l'être humain ne craint plus une quelconque justice immanente. Il est donc réduit à l'état d'un tas de chair et de sang. Toute morale d'ordre religieux ayant disparu, tout devient donc permis sans que le personnage puisse comprendre pourquoi ce qu'il fait constitue un crime.
C'est parce qu'il sait montrer cette beaufitude absolue que Noé fait un film intéressant. Hélas, il ne peut se débarrasser de ses défauts de mise en scène.

Critique de Seul contre tous (la suite de Carne) : http://senscritique.sitesdebloques.info/film/Seul_contre_tous/critique/34840496