X-moules
Quel curieux film que ce Shadow Creature, unique réalisation de James P. Gribbins, qui a surtout travaillé en tant que chef opérateur.Que s’est-il é, pour que ce scénario à l’apparence prévisible...
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le 24 mars 2025
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Quel curieux film que ce Shadow Creature, unique réalisation de James P. Gribbins, qui a surtout travaillé en tant que chef opérateur.
Que s’est-il é, pour que ce scénario à l’apparence prévisible ne se transforme selon les scènes en film au sérieux parfois imperturbable ou au bouffon assumé. Tout le film semble baigner d’un certain second-degré qui ne jouera pas la connivence avec son public, au courant des codes vus et revus, et qui préfère avancer sur son chemin.
Il y est question de la contamination d’une créature génétiquement modifiée qui va transformer un homme en créature évidemment affamée de chair fraîche, évidemment humaine.
Rien de bien neuf sous le soleil mutant de la série B.
Et pourtant de ce postulat affreusement banal le film ose des sorties de route bien loin du genre horrifique attendu.
L’agent de police Brighton est en charge de l’enquête. Flic un peu tout-terrain, sans qu’on ne sache vraiment ses attributions précises, il a plus la carrure d’une armure à glace que d’un représentant de la loi. Le film s’amuse même à offrir deux « plans pecs » pour irer son torse, de manière assez gratuite, inversion genrée du célèbre « plan boobs ». L’agent Brighton est donc un beau gosse, avec son menton volontaire, ses cheveux laqués avec la mèche qui revient devant et deux boucles d’oreille à l’oreille gauche. Est-ce bien réglementaire ?
A l’image d’un film qui se moque un peu de sa cohérence, Brighton est tellement cool qu’il suit discrètement des fripouilles dans sa voiture de sport très rouge ou qu’il a tranquillou une aventure avec l’assistante du professeur impliqué dans le scandale du monstre. Et ça e. Il n’est même pas célibataire : au début du film on l’entend dire au téléphone « je vais rentrer tard, chérie », compagne complètement disparue par la suite.
Pour ne rien arranger, certaines discussions font mention à des scènes qui semblent avoir été coupées au montage, ou qui n’ont peut-être jamais tournées. Malgré la facilité du scénario, cela devient parfois difficile à suivre, et ça le film s’en fiche, à l’image de ce flashback grossièrement inséré.
On pourrait croire que le montage final serait efficace, usant seulement des scènes nécessaires, complétant par des scènes de dialogues ce qui n’aurait pas été vu, mais non, que c’est mou et long. James P. Gribbins a la caméra peu agitée, les plans s’éternisent. Les dialogues durent bien trop longtemps, alors qu’il ne s’agit de dire que des banalités, tentant de faire croire que l’enquête, guère palpitante, avance.
Heureusement, de temps en temps, le film a ses coups de folie, ses petits rails de coke à la va-vite pour se réveiller lui-même, sans se rendre compte de son ridicule. Et si les textes sont creux, l’interprétation des personnages est surjouée. Certains acteurs se tournent alors vers le premier plan, déclamant leurs tirades, dans une dramaturgie inutile et donc bienvenue. Quelques bruitages cartoons ponctuent même certains échanges.
Saluons donc les comédiens, dont certains qui n’auront travaillé que pour ce film, qu’on peut supposer réunis pour une pelloche entre amis. Chacun cabotine, il est vrai aidé par des personnages parfois gratinés. Le maire de Cleveland, où l’action se e, est plus proche du maquereau que de l’homme politique. Il a même son thème musical, très funky. Pour Brighton, Shane Minor endosse le rôle, qu’il joue avec une certaine auto-dérision, aux mimiques très prononcées, malgré le sérieux de son discours.
Spoilons tout de même l’explication de la menace, pour le bien-fondé de la libre connaissance de telles idées WTF : ce sont des moules zébrées qui sont responsables de ce bazar mutant, génétiquement modifiées par le sérum de repousse de cheveux du professeur impliqué, le Professeur Melvin. A noter que les moules zébrées sont un vrai problème aux Etats-Unis, bouchant les canalisations, grâce à Shadow Creature on a donc l’assurance d’avoir un peu de culture. On se cultive et on découvre une nouvelle menace horrifique encore trop timide sur nos écrans, que de découvertes.
Le film est donc un petit peu sérieux, un petit peu bouffon, mais s’il n’a rien d’angoissant il a tout de même quelques effets spéciaux un peu cracras, à l’image du bras infecté de la victime de ces moules. La créature une fois transformée n’est pas vilaine, mais certains choix laissent perplexes. Disons que garder ses vêtements humains et qu’avancer comme si on avait des palmes n’offre pas le plus grand des charismes.
Production assurément bancale, Shadow Creature surprend par son ton, entre le sérieux de son ton et ses quelques idées loufoques. C’est assez professionnel, ou qui cherche à l’être au maximum et à nous en convaincre, mais dans le fond assez amateur, réunissant probablement les amis impliqués. Il y a du second degré, mais peut-être aussi une certaine décontraction fainéante pour ne pas solidifier certains de ses points. C’est en tout cas un peu trop apathique, même dévitalisé, malgré ses éclats saugrenus.
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le 24 mars 2025
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Quel curieux film que ce Shadow Creature, unique réalisation de James P. Gribbins, qui a surtout travaillé en tant que chef opérateur.Que s’est-il é, pour que ce scénario à l’apparence prévisible...
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le 24 mars 2025
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