« Celui par qui le scandale arrive » est après « Thé et sympathie » (1956) et « Comme un torrent » (1958),vle troisième volet des drames existentiels issus de conflits sociétaux latents. Contrairement au deux premiers opus, ici point d’artiste, mais toujours des êtres à la recherche d’une construction utopique. Rêve virant au cauchemar. Une fois de plus dans l’œuvre de Minneli, l’american way of life provincial en prend pour son grade. Ici c’est une petite ville d’un Texas recréé par le cinéaste, sous l’emprise du capitaine Hunnicut, personnage forçant également respect et crainte, symbole de virilité et chasseur émérite. Cette peur s’accentue, consciemment ou non, au sein d’un microcosme, à la fois envouté et paralysé. Robert Mitchum apporte sensualité, animalité, puissance et distanciation ambiguë à ce personnage exceptionnel. Personne ne peut s’assumer autour de lui, ni son fils légitime, ni son batard, ni la fragile fiancée, ni son père humilié, ni sa femme moult fois bafouée, qui a construit un mur vis à vis de ce tyran. Car, par un effet domino, tout le monde s’humilie dans une cascade successive, dont le capitaine Hunnicut représent le sommet (si j’ose dire). Bénéficiant, comme toujours, d’une construction artistique de premier plan, le réalisateur, plus peintre que jamais, nous offre sur ce point une succession de morceau de bravoure entre la lande et ses marécages brumeux et des intérieurs dont les différences révèlent à chaque fois les personnages qui les habitent. Sans jamais tomber dans la psychologie de comptoir, réalisateur et scénariste offrent des portraits de personnages remarquablement fouillés. Et, cerise sur le gâteau, le film est une hymme à la famille recomposée. Pas gagné dans les USA de 1960, mais le très catholique John Ford avait écorné la morale étouffante du protestantisme puritain avec « La prisonnière du désert » (The searchers) quatre ans plus tôt. John Huston, Preminger et donc Minnelli vont s’engoufrer dans la brèche. La mise en place un peu longue (près de quarante minutes) empêche ce film d’accéder au rang de chef d’œuvre. D’autant plus regrettable de la deuxième moitié offre une tension si irrespirable, que la fin laisse le spectateur épuisé.