Une pub Channel sous ecsta
Charlie Countryman est une love story foutraque, outrancièrement esthétisée comme un long clip musical sous LSD qu’on visionne sur MTV, un trip multicolore qui éclate les rétines de toutes ses couleurs criardes vaguement enjolivées par ses ralentis niaiseux à coups de violoncelles savamment orchestrés. Avec son histoire d’amour qui tourne à la chasse à l’homme dans les rues de Bucarest, un double sentiment s’immisce. D’un côté, le film de Fredik Bond est addictif, son Charlie Countryman est un pur condensé de générosité visuelle amusée et amusante, un exercice de style communicatif, exacerbé et assumé mais dans un deuxième temps, cette liberté presque démesurée irise les poils et en devient bordélique.
Les regards, les émotions, les joies, les cris, les coups de poings, les courses à pieds, tout est prétexte à tomber la tête la première dans la marmite de la surenchère visuelle. Fredik Bond ne fait pas les choses à moitié et décide de garder le cap jusqu’à la fin de son film quitte à ne faire preuve d’aucune nuance visuelle. On décroche par moments, on reprend le rythme à d’autres, c’est un film qui se picore par ci par là, tout comme le film qui se permet des ruptures de tons pas toujours opportunes. Une ode au lâché prise, à l’amour fou, au changement à l’image de cette séquence où Charlie plane complétement après avoir pris de la drogue et voit des femmes nues partout.
Malgré un Shia Lebeouf euphorisant qui semble s’am comme un petit fou, Charlie Countryman manque d’épaisseur avec un scénario bien maigrelet, un peu fourretout aux frontières des genres entre teen movie, romance, thriller et comédie absurde, on comprend que le réalisateur vient du monde de la publicité et il ne s’en cache pas. Sa partition, joliment photographiée, peut paraitre dégoulinante d’effets de style qui par moments nuisent à l’intérêt qu’on peut porter aux personnages. Pourtant malgré cette omniprésence de tic un peu toc, Charlie Countryman nous embarque aisément par la main durant cette virée infernale à Bucarest qui ne cesse de sauter de partout sans jamais s’arrêter. Un film qui se veut sensoriel et coloré mais qui oublie un peu d’alléger son ambition qui fait que Charlie Countryman s’enferme un peu dans son avalanche de logorrhées visuelles plus écrasante que mirobolante.