De par l'esprit et la nature échevelés de l'intrigue, "Cinquième colonne" s'inscrit dans la continuité directe de la période anglaise d'Hitchcock. Le type simpliste du héros, une certaine complaisance scénaristique, une mise en scène empruntant des raccourcis pas toujours très rigoureux (à moins qu'on ne voit là un brillant sens de l'ellipse ou du rythme) sont autant de façons, proches de la bande dessinée, qui distinguent le style d'alors du cinéaste de celui, plus abouti à mon avis, dévoilé dans ses films postérieurs.
En cette période de guerre contre les nazis, 'Cinquième colonne" s'associe aux nombreux films invoquant le devoir du citoyen américain. A ceci près que que la valeur intrinsèque du film et l'inspiration d'Hitchcock détournent l'oeuvre des plus prosaïques films de propagande de l'époque.
Le combat du dénommé Barry Kane pour prouver son innocence et pour démasquer une organisation d'espions saboteurs reflète surtout le talent et l'originalité du réalisateur, sa façon notamment d'insérer dans une intrigue à suspense des moments ...de suspense indépendants et ludiques, propices à révéler ce que des situations scénaristiques habituellement communes peuvent recouvrir de contraintes inattendues.