Ce film ouvertement conscient et critique de sa propre thématique me permet une étude de l'homme dans la comédie romantique en trois générations :
La comédie romantique des années 90 était excessivement normée, profondément marquée par les rôles successifs de Hugh Grant et sa partition du looser sexy à l'anglaise. Seul vrai problème à ces classiques successifs : l'ennui grandissant de voir se multiplier le même film.
La comédie romantique des années 2000 est toujours marquée par le cadre de ses ainées, mais cherche à se renouveler en allant toujours plus loin dans le trash, dans le sexe, dans la surenchère débile. Les films ne sont pas foncièrement meilleurs, mais font le choix de remplacer le romantisme anglais par le fun américain. Et çà marche bordel ! Grandir au milieu de Bridget Jones, Hitch, ou le génialissime Tank de "My Bestfriend's Girl" est un plaisir quasi hormonal.
Et puis les années 2010 arrivent et la comédie romantique prend un virage plus intellectuel. La testostérone est quasiment oblitérée de films plus dépressifs et d'une autre réflexion de la rencontre amoureuse, que ce soit avec Happiness Therapy, (500) jours ensemble ou même le Sex Friends d'Aston Kutcher. Et même si ces films sont à mon sens bien meilleurs que leurs illustres ainés, la sensation est un peu la même que de remplacer un bon burger juteux par une salade fraîche : on se demande où est ée la sauce.
Chris Evans doit ressentir un peu la même chose que moi en revenant à contre courant en 2015 vers le genre qui l'a fait connaître avec Sex List ou Sex Academy. L'amie qu'il tente de séduire, c'est un peu moi, cherchant à retrouver des sensations adolescentes. Et il réussit, en partie, peut être parce que je veux croire autant que lui qu'on peut survivre à deux heures de situations rocambolesques et de discussions plus trash les unes que les autres sans créer une nouvelle guerre des sexes. Mais une fois le film terminé, les codes cochés et les classiques mauvaises décisions prises sur la forme et le fond, il est temps de se demander comment dire au revoir à un ami, qui mérite cependant le même sort à minima qui fut celui de Hugh Grant, calé entre deux étagères et attendant Noël.