Pour une fois que les Suisses sont les plus rapides : Compétition officielle est projeté en Helvétie avant sa sortie hexagonale... Incroyable non ? Mais alors, qu'est ce qu'on en retient ?
Une comédie acerbe, plongée en apnée dans l'échafaudage d'un film: entre la réalisatrice/autrice se vautrant dans sa propre fange intellectuelle, deux acteurs que tout oppose sauf la dimension gargantuesque de leurs égos, le tout financé par un richissime grabataire prêt à tout - jusqu'à vendre sa fille - pour une parcelle d'éternité.
Bref, le duo de réalisateurs (inconnu au bataillon, il faudrait que je rattrape Citoyen d'honneur qui semble être le même type de film mais transposé à la bulle littéraire) orchestre une belle collision d'égos. Mais alors, réponse aigre à la désertion du public des salles ou autocritique soignée ? Peut-être les deux, n'empêche que le film ne tombe ni dans l'écueil du pamphlet ennuyant, ni dans celui de la comédie potache, naviguant élégamment entre les récifs qui lorgnaient sa course.
Et même si le film se perd parfois en quelques longueurs, il peut compter d'une part sur ses acteurs (Penelope Cruz en tête), et sur l'inventivité de ses scène pour reprendre rapidement notre attention. Car oui, meneuse de ce bal d'égos infernal, Cruz se montre brillante dans un rôle où on ne l'a que trop peu vue : mégalo, inable, castratrice. Et la démesure de ses ambitions se monte en décalage avec l'esthétique léchée mais épurée du film, tourné presque exclusivement entre les murs d'une sorte de château des temps modernes, fait de verre et de béton.
Bref, Compétition officielle est une comédie réussie, léchée visuellement, bourrée d'inventivité (la scène des roulages de pelle est mémorable) dont la sortie synchrone ou presque avec le festival de Cannes tombe à point nommé.