Je m'étais encore jamais positionné du côté d'une œuvre d'art et je dois avouer que cette anthropomorphisation ne m'a pas gêné, j'ai même bien apprécié l'expérience.
On commence par prendre conscience des immenses réserves des différents musées, ces œuvres qui ont vécu un tas d'expériences voir même sont sacrées aux yeux de bon nombres de cultures mais pourtant aujourd'hui plongé dans le noir. Puis on suit le trajet de ces sculptures en lien avec différents roi du royaume de Dahomey. C'est là que les problèmes commencent : Ghézo, Béhanzin et Glélé. Pourquoi je n'ai jamais entendu parler de ces rois ? Pourquoi ces noms, pourtant si important dans l'histoire du royaume de Dahomey, me parviennent pour la première fois ? La remarque est faite : on les nomme par des numéros parce qu'on y connait rien ? par simplicité ? dans tous les cas la question ne s'est jamais posé pour la vénus de Milo où personne n'a jamais dit "la statue 23".
Le plus intéressant dans ce film est la question de la restitution en elle-même. On restitue 26 statues, pas 25, pas 27, mais 26 statues. On restitue ces statues sous prétextes que ce sont des trésors nationaux, mais au final ces statues ne sont que le symbole d'un pillage. En quelque sorte les plus belles pièces issues de la plaie béante qu'est le colonialisme pour bien rappeler dans cet échange qui a eu le pouvoir, l'a et l'aura.
"Aujourd'hui c'est 26, dans 100ans ce sera 2, puis dans 250ans ce sera 5 !"
On se réjouit de la restitution de 26 objets alors que 7000 dorment encore dans les différents musées. Le patrimoine immatériel existe certes encore au Bénin, mais le matériel n'est plus. Alors à quoi bon se féliciter pour la restitution de 26 objets qui ne sont qu'une part infime de ce que la a volé, tout cela n'est restitué que pour se donner une bonne image (au age, j'ai bien aimé le tacle à macron qui restitue ces objets "pas parce qu'il en a envie, mais pour se donner une bonne image", j'avoue j'ai applaudis dans la salle à ce moment là) sous prétexte que cela va permettre aux Béninois de mieux connaître leur histoire. Pour cela faudrait il déjà qu'il y ait une véritable politique de transmission culturelle, et pas juste un coup de com' par la présidence (aussi bien française que béninoise) sur des mesures concernant l'éducation.
"Comment voulez vous que les béninois s'intéressent à leur histoire alors que la plupart ne peuvent déjà même pas manger à leur fin".
Le film se conclue sur un plan où les statues se retrouvent derrières des vitres, éclairées artificiellement puis plongé dans le noir. De retour chez elles quand on sait qu'elles ont abandonné en tout ces congénères, de retour dans un pays qui ne parle même plus sa langue, de retour dans un pays où la et la mondialisation l'ont façonné, où même sa propre utilité en tant qu'objet se questionne (sacré ou art ?).
Alors dans le fond, la restitution oui. Mais dans un pays à moitié en train de crever de faim mais dont la présidence a fait repeindre en blanc le palais, arroser les fleurs et organiser un magnifique banquet pour son coup de com' c'est non.