Oui, ce film est un merveilleux condensé de vie, "notre vie", entre amour, justice, vengeance, force des souvenirs, poids du é qui se mêle au présent, toutefois, peut-on véritablement parler d'un polar?
Il débute comme tel avec le meurtre sauvage d'une jeune femme récemment mariée, visage radieux du bonheur, violée et battue à mort : la vision de ce corps torturé ne cessera de hanter l'inspecteur Benjamin Esposito, Ricardo Darin remarquable de justesse, qui se jure de coincer le meurtrier.
Une obsession telle que 25 ans plus tard, sorte de libération thérapeutique, l'homme désormais à la retraite, va se livrer à un travail d'écriture mêlant fiction et réalité, l'occasion pour lui de retrouver aussi sa toute jeune supérieure d'alors, belle et intimidante, devenue procureur, et de rouvrir le dossier.
Une ambiance tout en regards et en non-dits : gros plans d'une femme dans l'attente d'un aveu qui ne viendra pas, silence d'un homme qui ne croit pas en lui-même, d'un ami qui y laissera la vie, d'un mari meurtri qui échafaude la plus terrible des vengeances.
Un homme dévasté dont Benjamin Esposito parle ainsi: " C'est comme si la mort de sa femme l'avait laissé prisonnier pour toujours. Tu devrais voir ses yeux. Ils sont dans un état d'amour pur" .
Un film irable à tous égards, qui, reconnaissons-le, a bien mérité sa récompense.