La Belle Endormie

Une obscurité semblant éternelle, une mémoire semblant absente, du sang un peu partout... C'est dans ces conditions qu'un homme se réveille, et que commence une traque aussi noire que mystérieuse.


En signant Dark City, Alex Proyas propose une plongée folle et sombre dans une ville qui l'est tout autant, où les souvenirs sont flous et en perpétuel questionnement. C'est sur cet aspect que l'oeuvre est d'abord axée, on suit la quête de cet homme cherchant sa mémoire et essayant de comprendre ce qu'il se e. On est alors clairement dans un film noir, avec ses personnages typiques allant de l'enquêteur désabusé s'habillant à la Bogart à la femme mystérieuse en ant évidemment par un accusé que tout accuse.


Cette partie là est tout simplement exceptionnelle, tout comme la façon dont Proyas insère peu à peu de la science-fiction à son récit, d'abord par petite dose. Les protagonistes sont mystérieux et surtout bien écrits, tout comme le scénario, évitant toute lourdeur et complication inutile pour se concentrer sur l'essentiel, la recherche du souvenir, puis le fonctionnement de la ville dans laquelle on est. Si l'atmosphère est tout le long sombre, elle est parfois teintée de romantisme puis d'un peu de schizophrénie, et elle est remarquablement mise en scène, nous immergeant au cœur de cette ville noire et endormie.


Ici, Proyas interpelle autant sur la thématique du souvenir que sur la recherche de ce qu'est un être humain, et de ce point de vue, le personnage du docteur est ionnant et énigmatique, à l'image du film. Si la finalité n'est pas forcément à la hauteur du reste, ça n'en devient pas préjudiciable et l'ambiance continue d'être prenante et énigmatique. Plusieurs séquences sont d'ailleurs des mémorables, que ce soit par ce qu'elle représente par rapport aux thématiques ou tout simplement l'atmosphère, à l'image des souvenirs de John et Emma Murdoch et, de manière générale, de leurs apparitions communes.


L’esthétisme n'est pas sans rappeler Metropolis voire Blade Runner et se mêle à merveille avec le script et l'ambiance. La ville devient d'ailleurs un protagoniste à part entière, et interpelle régulièrement par sa structure. Dark City est aussi sublimée par la bande-originale signée Trevor Jones, tandis que les comédiens sont tout simplement remarquables et se fondent parfaitement dans le ton du film, à commencer par le trio composé d'un énigmatique Rufus Sewell, un désabusé William Hurt et une magnifique et intrigante Jennifer Connelly.


Alex Proyas propose avec Dark City une oeuvre aussi sombre que folle et désenchantée, sublimant ses comédiens et son script pour mieux créer une atmosphère sombre totalement prenante et mystérieuse, où les souvenirs et l'humain sont au cœur d'une traque non sans sensation et prête à nous couper le souffle.

9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 1990

Créée

le 17 août 2018

Critique lue 1.6K fois

37 j'aime

7 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

37
7

D'autres avis sur Dark City

Dark City
10

Master of SF

Chef d'oeuvre de la science fiction, Dark City est un film, obscur au scénario parfait, influencé par le cultissime Metropolis et le duo Caro/Jeunet ,qui n'aura de cesse d'étonner les amateurs du...

le 3 nov. 2014

45 j'aime

10

Sleep, now.

En 1999, la majorité des spectateurs s'extasiait devant un blockbuster inattendu et complètement fou, aux confins de plusieurs genres, réalisé par les frères (désormais soeurs) Wachowski. Tout le...

Par

le 1 nov. 2016

42 j'aime

10

Quand le veilleur s'endort

Cette critique ne se base hélas en partie que sur la version cinéma et non le director's cut, pourtant bien plus pertinent dans l'exposition de son intrigue. Un homme se réveille dans la pénombre...

le 17 juil. 2014

38 j'aime

7

Du même critique

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble acc Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

173 j'aime

35

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

166 j'aime

53

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

154 j'aime

34