Première chose qui me rassure : Park est toujours aussi obsédé par les belles brunes à queue de cheval en robe bleue. Comme dans "Thirst, ceci est mon sang", on retrouve le bleu, le vert et surtout le bleu-vert qui lui plaisent tant, dans les vêtements féminins et le sublime papier-peint de l'appartement de l'héroïne. Les décors, intérieurs comme extérieurs, sont magnifiques. Par sa mise en scène sophistiquée, l'utilisation des couleurs, ses plans et ses cadrages originaux, Park nous régale visuellement, comme toujours.
Les deux acteurs sont superbes. J'avais déjà vu et remarqué Park Hae-il dans "Memories of Murder" et "The Host", mais je ne connaissais pas Tang Wei. Park Hae-il impressionne par son charisme et son jeu subtil. Son policier qui perd pied, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie intime, est bouleversant. Son obsession pour la belle suspecte et sa désintégration psychologique rappellent celles de Scottie dans "Sueurs froides". Quant à la belle Tang Wei, elle est une femme fatale (brune) vibrante et formidablement énigmatique. Park multiplie les gros plans sensuels sur les visages, les mains et les petits gestes de ses deux acteurs à fleur de peau.
L'enquête policière est particulièrement tortueuse et tient en haleine jusqu'au bout, tandis qu'une ion amoureuse platonique se développe, sans qu'on sache vraiment si elle est réciproque. On reste dans l'ambiguïté. Mais connaissant Park Chan-wook, on se doute que le happy end ne sera pas de mise.