Die Alone
5.9
Die Alone

Film de Lowell Dean (2024)

L’amour avec un grand Z

Lowell Dean s’est fait connaitre des amateurs de films horrifiques avec son très fun Wolfcop (2014), bobine un peu fauchée mais qui avait tout compris au mélange comédie / horreur, et sa suite du même acabit Another Wolfcop (2017). Il revient aujourd’hui avec Die Alone, un titre peu original pour un film de zombies, thème lui aussi vu et revu depuis 2 décennies tant les films du genre sont légion depuis le début des années 2000. Sauf que s’arrêter à ce titre et à cette thématique serait une grossière erreur tant Die Alone est ce qu’on a vu de plus novateur en matière de zombies depuis belle lurette. Il fait partie des 10 films de la liste « Best of 2024 : Les 10 joyaux cachés de l’horreur que vous auriez pu manquer » du site référence Bloody-Disgusting. Il fait même partie des cinq films sélectionnés par le New York Times dans leur article « Cinq Films de science-fiction à regarder » publié en novembre 2024. Mais Die Alone est surtout bien plus qu’un film de zombies, bien plus qu’un film d’horreur, c’est surtout une très jolie histoire d’amour. L’adage dit qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, Die Alone prouve qu’il ne faut pas juger un film à son titre, ni même à son affiche, car ce serait er à côté d’un très bon film.


Le réalisateur et scénariste Lowell Dean a écrit le scénario de Die Alone depuis belle lurette, avant même que sorte son film Wolfcop, mais il n’a jamais pu trouver le financement pour le produire. C’était sans compter sur Téléfilm Canada qui, 10 ans plus tard, sur la base d’une version révisée, a décidé d’allouer à Dean 7 millions de dollars canadiens (environ 5M$US) pour qu’il puisse mettre en images ce scénario qui, selon son réalisateur, s’inspire aussi bien de Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), de Harold et Maude (1971) que de Memento (2000). Le scénario est au début très intriguant car on ne comprend pas ce qu’il se e. Ça nous distille quelques informations, via des extraits de journaux accrochés aux murs, via des petites scènes amenant un peu d’eau au moulin, ou via cet espèce de squelette « vivant » dans une grange. La structure du film est non linéaire, amenant encore plus de confusion à l’ensemble, avec son héros amnésique, qui perd aussi la mémoire à court terme, pour qu’on se sente perdu de notre côté. Et puis au bout de 25 minutes, on rentre dans le vif du sujet, même s’il reste des zones d’ombres que le scénario se chargera de révéler plus tard. Bien entendu, on fait très rapidement des théories, voulues par le scénario, et on attend de voir si elles vont s’avérer vraies. On est content de voir un scénario qui essaie d’être un minimum intelligent, un minimum construit avec des rebondissements plausibles et surtout qui font sens, là où beaucoup de films de morts-vivants se contentent d’être relativement basiques. Mais avant d’être un film de morts-vivants, Die Alone est avant tout une histoire d’amour captivante. Une histoire d’amour dans laquelle notre jeune héros se réveille chaque jour amnésique. Il sait que sa petite amie a disparu et qu’un virus se propage, et il doit arpenter chaque nouvelle journée comme si c’était le premier jour.


Lowell Dean arrive à poser une ambiance étrange, oppressante, ce qui change clairement des films de morts-vivants habituels (appelés ici les « recyclés »), avec un virus venant de la nature elle-même qui veut en finir avec la race humaine à cause de ce qu’elle fait à la Terre. Les zombies sont animés par les végétaux qui poussent en eux, sur eux : mousse, champignons, feuilles, branches, … Leur design est du coup original et surtout réellement excellent et on regrette sincèrement de ne pas les voir suffisamment car Die Alone s’attarde avant tout sur ses survivants. Alors certes, le film perd un peu en rythme dans son deuxième acte qui prépare le dénouement, mais au final qu’importe car ce que Lowell Dean nous raconte nous a attrapé dès les premières secondes et ne nous lâche pas jusqu’à ce que le générique de fin arrive. La photographie est jolie, mettant parfaitement en valeur les paysages semi-désolés de cette campagne canadienne, mais aussi les intérieurs avec de très beaux effets de lumière, parfois agrémentés de filtres de couleurs. Mais Die Alone surprend également par ses effets pratiques très réussis, comme quelques effets gores bien sentis et assez craspecs (la main explosée), là où beaucoup auraient succombé à l’appel du CGI. Le casting est très convaincant de manière générale, en particulier Carrie-Ann Moss. Un gros effort a été fait pour les personnages, notamment ceux de Ethan et Mae, avec des scènes qui savent se poser afin de développer la subtile alchimie qu’il y a entre eux. Le fait que Mae se donne pour mission de s’occuper de ce jeune homme qui risque de l’oublier à chaque fois qu’il dort donne un ton à la fois doux et désespéré à l’ensemble. L’excellent Frank Grillo écope d’un petit rôle dans le dernier acte du film, il sera le déclencheur de bon nombre de révélations et de mises au point. On ressort de Die Alone enchanté, pour peu qu’on se soit laissé porter par l’ambiance assez particulière du film.


Avec Die Alone, Lowell Dean nous propose une très bonne approche unique du genre zombies. A l’exception d’un deuxième acte peut-être un peu longuet, le réalisateur canadien fait un quasi sans faute et signe ici clairement son meilleur film.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-die-alone-de-lowell-dean-2024/

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le 13 mars 2025

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cherycok

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