L'idée d'un serial killer déguisé en Père Noël reviendrait à l'acteur / musicien / réalisateur David Hess (célèbre pour son rôle de l'immonde Krug Stillo dans La Dernière Maison Sur La Gauche) et du scénariste Alex Rebar lors de la rédaction du script de Terreur Dans La Nuit en 1979 (à ne pas confondre avec son homonyme de 1973 avec Elizabeth Taylor). L'année suivante, en 1980, les salles obscures projetaient Christmas Evil, où un jeune homme, hanté par la vision de sa propre mère forniquant avec Santa Claus, décidait de laver l'honneur du symbole chrétien de l'innocence enfantine en se vêtant de son costume et en abattant tous ceux qui souillaient l'esprit de Noël.
C'est un peu la même idée qui obsède Billy dans Douce Nuit, Sanglante Nuit, un pauvre gamin qui reste traumatisé par le meurtre de ses parents via un sale type déguisé en Père Noël. Élevé dans un orphelinat religieux et rigoriste où il devient le souffre-douleur de la mère supérieure, Billy grandit en ayant une peur bleue de Santa. L'année de ses 18 ans, tentant de trouver un équilibre dans le monde actif, le jeune homme se voit contraint d'être déguisé en Père Noël lors des traditionnelles fêtes de fin d'année. Le trauma remontant à la surface, il s'arme d'une hache et punit celles et ceux qu'il juge ne pas avoir été sage…
Si l'introduction du film narrant l'enfance (et le traumatisme) de Billy reste ionnante, tout part inévitablement à vau-l'eau dès que s'entame la partie slasher, traditionnel jeu du chat et de la souris ici mollement rythmé et répétitif jusqu'à l'excès. L'œuvre fut pourtant un succès commercial en fin d'année 1984 (sortie la même semaine que Les Griffes De La Nuit qui réalisa un score bien plus décevant en termes d'entrées), boosté par le scandale provoqué par des associations parentales et religieuses qui arriveront finalement à faire retirer le film de l'affiche. À la tête des contestataires, l'acteur Mickey Rooney qui, paradoxalement, apparaîtra dans le cinquième volet de la franchise.
C'est donc dans les vidéoclubs que l'aura mythique de Douce Nuit, Sanglante Nuit se concrétisera, témoignant ainsi qu'un film "culte" n'est pas forcément doté de grande qualité. Car si la direction photo reste appliquée, la mise en scène se manifeste en une longue léthargie technique ternie, qui plus est, par les coupes imposées par la commission de censure lors des scènes de meurtres. Et si le montage intégral est désormais trouvable en bonus dans le récent Blu-ray édité par Rimini Éditions, les scènes censurées restent en qualité VHS délavée qui piquent inévitablement les yeux.
Quoi qu'il en soit, en cette même année 1984, Don't Open Till Chrismas, slasher britannique noëlesque complètement raté, prouve aisément que la majesté du genre est bel et bien révolue et qu'il faudra patienter jusqu'en 1996 et la sortie de Scream pour retrouver un tant soit peu d'énergie créative.