La différence entre la vie et le cinéma? Dans les salles, personne ne vous empêchera de "retconner". Le mot n'est pas encore entré dans le dictionnaire, mais ça ne saurait tarder. Car le concept auquel il renvoie ne date pas d'hier. Il s'agit simplement de changer un élément d'un récit déjà écrit/filmé (le é d'un personnage ou un évènement) et vous repartez de là pour conter une nouvelle histoire. Star Wars, Halloween, X-Men, Terminator,...les exemples d'œuvres ayant usé ce procédé sont divers et ne touchent pas qu'au 7ème art (littérature, télévision et jeu vidéo). Il est souvent bien difficile d'y voir autre chose qu'un procédé hypocrite. On renie le é sans le dire, et on continue de traire la vache à lait tant qu'elle peut en donner. Il faut croire que les franchises sont forcées d'en er par là pour prospérer. Dragon Ball ne pouvait donc pas y échapper.
Relancée en 2015 avec la série DB Super (qui n'a de Super que le nom à mon humble avis), la licence revient au cinéma et propose de "réinterpréter" l'un de ses plus emblématiques destructeurs, Broly. L'idée de revoir le Saiyan Légendaire était belle, ses dernières apparitions relevant de l'affront (Rivaux Dangereux et Attaque Super Warrior!). Et retourner aux origines (sur la planète Végéta, où sont nés nos héros) avait de quoi réveiller l'enfant qui sommeille en beaucoup d'entre-nous. D'accord, les fans de la première heure ont grandi. Il est également clair que Dragon Ball tient une place à part dans leur cœur. Mais néanmoins, je ne pense pas que l'âge soit en cause si on finit Dragon Ball Super : Broly avec une mine atterrée. Proposer un nouveau Broly ne me dérangerait pas le moins du monde. Pendant sa première partie, le métrage s'efforce de lui conférer une plus grande humanité et c'est plutôt bon.
Malheureusement la deuxième le réduit à un autiste hurlant non-stop pendant presque 30 minutes. Proprement inable. Malgré ses promesses, le film ne propose littéralement RIEN de nouveau (certaines séquences tiennent du pur recyclage, notamment du film DBZ : Fusions). Une paresse qui n'a d'égal que la fonction purement accessoires de certains personnages, apparaissant uniquement pour le fan-service. Même Son Goku et Végéta ne sont pas loin d'être devenus les caricatures de ce qu'ils étaient jadis. La forme pose également plusieurs problèmes. Le film est visuellement de toute beauté, ça pour sûr. Mais l'utilisation d'une 3D pour le moins ignoble tempère la joie. Ajoutons à ça l'utilisation de musiques parfois infâmes qui génèrent autant d'embarras que de rires. Une seule chose à sauver, en dehors de sa première partie correcte : les combats, résolument plus rapides et dynamiques. On a clairement fait un grand bond en avant à ce niveau. Il faut se rendre à l'évidence: quand on cherche à raviver le goût acidulé de la nostalgie, on prend surtout le risque de se retrouver avec l'arrière-goût amer du dépit.