C'est surprenant de voir Tsui Hark adapter à nouveau Dragon Gate Inn, alors qu'il l'avait remarquablement fait en 1992 avec L'Auberge du Dragon, nous emmenant à nouveau lors de la fin de la Dynastie Ming où une auberge va devenir un sanglant lieu de rencontre.
Autant le dire tout de suite, le film de 1992 reste au-dessus de celui-ci, mais il n'est pas non plus dénué d'intérêt, bien au contraire même, et n'hésite pas à s'éloigner de sa première version, notamment dans le scénario où l'auberge est moins importante, au contraire d'une chasse au trésor dans une cité perdue. Je regrette de l'avoir loupé au cinéma, tant la 3D semblait assez bien travaillée, avec une vraie profondeur de champs, l'aspect visuel est d'ailleurs l'une des grandes réussites de l'œuvre, avec des effets spéciaux remarquables et une reconstitution réussie, et même immersive.
L'ancien maître du Wu Xia Pian renoue donc avec ses origines, et il propose là une œuvre agréable à suivre, avec de nombreuses bonnes idées, bénéficiant d'un scénario bien construit et de personnages et enjeux rendus très intéressants. Tsui Hark démontre aussi un certain sens du rythme, arrivant à jongler entre les personnages, tout en mettant en place une ambiance tour à tour sombre, aventureuse ou même mystique, à l'image de la découverte des sous-terrains ou de la remarquable dernière partie et ses magnifiques décors.
Il est aussi intéressant de voir la façon dont Tsui Hark fait référence à son propre film de 1992, où l'on pense forcément à Brigitte Lin lorsqu'un personnage essaye de se déguiser en homme. La grande force de Dragon Gate se trouve surtout dans l'action, à l'image de cette impressionnante séquence où une immense tempête devient le terrain de jeu d'un combat chaotique, montrant un Tsui Hark encore inspiré au niveau des chorégraphies, étant aussi bien aidée par un Jet Li qu'il retrouve plus d'une quinzaine d'années après leur dernière collaboration.
Tsui Hark renoue avec ses origines tout en s'adaptant à la technologie actuelle pour signer Dragon Gate, relecture endiablée de son Auberge du Dragon, bénéficiant d'idées ingénieuses habilement mises en scène pour un condensé d'action à la fois nerveux et aérien.