En ce 17 mai, réunion pour la réouverture tant attendue de notre cinéma, avec l'avant-première de Eiffel pour marquer le coup avec les collègues. Autant dire qu'après les sept mois à regarder cet immense écran désespérément blanc, on nous aurait diffusé Peppa Pig qu'on aurait été ravis. Mais ce fut Eiffel, et l'on n'a pas boudé ce biopic français sur un ionné qui a sauvé son ouvrage contre l'avis de tous, qui croyait profondément en l'art et en sa fonction essentielle (on se sent proches de ce bonhomme...). Ce Gustave Eiffel est campé avec délicatesse par Romain Duris et nous fait découvrir sa vie tiraillée entre sa maîtresse déjà mariée (Adrienne) et sa Grande Dame de fer. Si l'on a trouvé le temps long dans les séquences avec son "amante de chair", c'est réellement lorsque le film commence à nous présenter son "amante de fer" que l'on se rince l’œil sur la petite (grande) Beauté en construction. Les plans de montage des pièces gigantesques sont amoureux (les plans sur les poutres en mouvement), et nous donnent parfois le vertige : lorsque l'ouvrier se penche au-dessus du vide seulement retenu par une chaîne enfilée négligemment au pied et un collègue qui le retient par la veste... On a transpiré. Les méthodes de pression de l'air dans les fondations pour permettre de cre, les systèmes de pompes et réservoirs de sable pour faire bouger de quelques iotas toute la Tour sont des prodiges dont on ignorait totalement l'existence. Cependant, on regrette de n'avoir pas plus appris sur l'ouvrage, Eiffel préfère par exemple démultiplier les scènes avec la maîtresse (peu ionnantes) plutôt que de nous montrer les deuxième et troisième étages, ce qui est vraiment dommage (on n'a quasiment rien appris de plus qu'avec nos questions du Trivial Pursuit). De même, l'éclairage n'est pas le fort du film, un parti-pris qui nous plonge souvent dans une obscurité totale (sortez vos lunettes) et l'histoire de Monsieur Eiffel a été "un peu" romancée (il courait en réalité après plusieurs femmes, et la forme en "A" de la Tour Eiffel héritée du nom d'Adrienne est simplement une légende...). Mais on est bien content d'avoir retrouvé le grand écran, surtout en compagnie de ce biopic porté par Romain Duris et une Grande Dame dont cette première rencontre nous a amouraché (les beaux atours de la tour...), qu'on aurait adoré voir encore plus. Et Vive le Cinéma !