Encore une histoire de titre ? Oui et non. Le titre original claque bien ; il fait penser au baiser de la mort, à des choses bien sulfureuses, ces cocktails amour/sexe/mort, bien typiques d'un film noir. Le titre français attire l'attention du spectateur vers un rythme du film plus échevelé, vers des bagnoles qui vont vite, …
Un film noir : oui. Il s'inspire d'un roman de Mickey Spillane dont il emprunte essentiellement le nom du détective Mike Hammer car, semble-t-il, selon les avis de ceux qui ont lu le livre, il n'y a pas grand-chose dans le film de l'affaire décrite dans le roman. Il semblerait que le roman tourne autour d'un trafic de stupéfiants tandis qu'ici on ne sait pas trop ce qu'on poursuit.
Spoiler : Comme la Boite de Pandore, quand on l'a ouverte et qu'alors, on sait, c'est un peu trop tard …
Un film noir : oui mais Aldrich a changé quelques petites règles. On n'est que peu en ville, pas à New York, ville par excellence du film noir avec ses rues fumantes et sales mais en Californie, à L.A. ou ses environs ou sur le bord de mer. Par contre, un trait normal du film noir, la plupart des scènes sont nocturnes. Pas de ville ou peu, mais des floppées d'escaliers qu'on monte ou descend, des floppées de portes qu'il faut ouvrir, qu'on ouvre …
Ce qui ne change pas du film noir, c'est le détective, Mike Hammer, plus ou moins honnête, prêt à tout, reniflant la bonne aubaine qui le change de ses filatures merdiques pour des histoires de divorce. Le détective privé veut la jouer en solo et s'affranchit des flics pour arriver le premier mais où ? C'est le macho tendance misogyne qui a une secrétaire (qui l'aime) mais qu'il n'hésite pas à envoyer sur les coups tordus. Là, on comprend vite que bien du monde, flics, truands sont à la recherche de quelque chose mais quoi ? L'enquête c'est le cheminement du détective qui découvre bribe par bribe quelques éléments. C'est à celui qui e avant l'autre pour découvrir le petit indice qui le fera avancer un peu plus vite mais comment ?
Comme dans tout film noir qui se respecte, tous les moyens de coercition sont bons. On embrasse, on soudoie, on frappe, on tue.
Une innovation dans le film noir : les femmes sortent de leur rôle habituel de potiches ou de femmes fatales et sont parties prenantes dans l'action. D'accord toutes tombent dans les bras de Mike Hammer qui n'a pourtant pas grand-chose d'attirant : "Kiss me" disent-elles toutes sans que Mike, en bon macho, fasse un geste.
Une idée presque saugrenue : c'est un livre de poèmes qui va donner une clé au détective " me"!
Sans oublier la superbe prestation de Nat King Cole et Kitty White dans son blues déchirant "I'd rather have the blues"
Pour conclure, c'est un film qui prend aux tripes. Même si, sur le long terme, on ne se souvient vraiment que de la scène initiale et de la scène finale, assez époustouflantes, il faut bien dire. Par contre, lorsqu'on s'y replonge, dès la première scène haletante, on est scotché par ce détective pas trop sympathique mais qui se démène "en quatrième vitesse", au milieu d'une faune trouble, sombre où tout le monde trahit tout le monde.
Et où il est important d'éviter à tout prix de "kiss deadly"