Egrainage fatal

Emilio Estevez n'a pas nécessairement été l'acteur le plus marquant des années 80, en dépit d'un certain talent pour marquer par sa présence. J'ai beaucoup aimé ses rôles dans Breakfast club et St Elmo's fire, aussi sa carrière m'intéresssait-elle un minimum.

Néanmoins, Engrenage fatal n'est pas à la hauteur du talent du bonhomme, du moins dans sa première demi-heure très frustrante, et cela se répercute sur tout le reste.

Engrenage fatal n'est pas un mauvais film. En terme de film de braquage de banque, il tient même plutôt la route, même si le schéma reste prévisible. La violence est plutôt bien dosée, même si évidemment, Heat fera mieux une décennie plus tard. On peut irer un certain réalisme relatif aux débuts de notre anti-héros en tant qu'apprenti braqueur, et en cela, on ne peut qu'apprécier son évolution tout au long du film.

Le message social est intéressant, bien que bateau, et j'aime que cela serve de motivation, et de prétexte à un soutien populaire intéressant pour les enjeux. Ce dernier sera cependant sous exploité vers la fin du film, alors qu'il y avait du potentiel. On pourra cependant reconnaitre la pertinente évolution de l'opinion publique au long du film, bien que comme dit, on était en droit d'attendre plus de concret.

En demi-teinte, le couple Moore-Estevez l'est aussi. Si leurs rapports pendant leur routine de braqueurs en fuite sont cohérents et présentent de l'intérêt, je trouve la situation extrêmement déroutante lors du premier braquage, peu crédible dans les rapports de couple. Les acteurs ne jouent pas très bien à ce moment-là, et c'est pour ça que le film ne décolle réellement que lorsqu'ils deviennent une sorte de Bonnie and Clyde.

On observera de même avec les parents, qui ont une réaction mitigée assez bien traitée, mais qu'on aurait aimé voir encore plus détaillée et poussée, notamment dans des dialogues avec les autorités par exemple.

Le rapport entre Wisdom et la police est à mon sens traité partiellement. J'aurai aimé des confrontations moins banales, plus profondes. Le commissaire en charge de l'enquête reste un peu trop cliché, même s'il sort son épingle du jeu à certains moments.

S'agissant de la mise en scène, ça reste très classique pour un film des années 80. Estevez se permet quelques effets sympathiques, et la gestion du rythme est plutôt efficace. On déplorera éventuellement l'absence de moments encore plus calmes où le couple en fuite se resourcerait en pleine nature, mais après tout, ce n'est pas mon film.

La musique, quant à elle, fait le boulot aussi avec des thèmes très ancrés dans la décennie. J'aurai espéré plus de chansons, histoire d'avoir un peu plus de profondeur là où le scénario et le jeu des acteurs pouvait parfois faire défaut.

En conclusion, Engrenage fatal n'est pas un film indispensable, car traité un peu trop en surface. Il y avait pourtant beaucoup à faire avec les messages portés tout au long du film, mais l'ambition n'a pas toujours suivi. Cela dit, ça se regarde un après-midi à la télé sans trop de mal je pense.