Je pense donc délit...

On vous prescrit du prozium a prendre quotidiennement et ainsi n'existent plus vos émotions. Vous devenez donc identique à tout le monde assurant une cohésion parfaite et planétaire. En cas de désobéissance à l'une des règles du " Père ", bah, on tire à vue. La conformité prévaut sur l'identité alors soit c'est le moule, soit c'est la tombe.


Effectivement, on nage dans des scénarios comme 1984 ou encore la matrice. La différence réside dans le changement de cap du protagoniste. La où 1984 pêchait par excès de lenteur, on ajoute une violence digne de la matrice. Et la ou la matrice pêchait par une complication informatique, Equilibrium demeure dans la sphère humaine. Notre héros fera la découverte, en cassant sa fiole d'élixir, de la sensation, le ressenti et continuera sur sa lancée en omettant intentionnellement les suivantes. Habituellement froid, sans émotion, il deviendra un paria. Le reste a découvrir évitant ainsi le spoil.


D'abord, Christian Bale correspond à mon avis à l'individu parfait pour endosser ce rôle. Il garde, dans une certaine mesure, un côté froid et furieux aperçu aussi dans américan psycho et, ressemble aussi à Néo de la matrice dans le costume et l'attitude. Déjà, ce mélange devient une accroche solide et complexe qui incite à perdurer dans l'histoire. Et l'oeuvre, qui plus est, porte à la reflexion , ce qui, en soi, ajoute une valeur à un film qui pourrait n'être qu'une copie symbiosée de deux chefs d'oeuvre imbriquées en un.


Réfléchir. Verbe grand mal-aimé de la masse qui agit de manière robotisée, standardisée, écoutant les ordres, se tenant dans la file, conditionnée. Je suis plutôt récalcitrant à cette idée de conformité puisque divergent a la base. Pourtant, j'ai essayé tant bien que mal, de façon pharmacologique, d'atténuer des pensées invasives et continuelles. Sans succès, je me rends donc à l'évidence et accepte mon sort stoïquement. De l'extérieur. En dedans, honnêtement, il y a bel et bien violence mentale. Non seulement je me fais violence, mais parfois, je pourrais opter pour une purge de l'imbécilité. S'il est vrai que tuer le mal à sa racine donne de bons résultats globaux, je ne suis pas dupe pour autant. Pour un connard qui disparaît, un autre prend naissance. Il s'agit d'un cycle qui ne finit jamais. Le milieu de travail demeure le meilleur exemple. Enlevez Gaston du portrait et vous verrez une embauche se produire avec un Gaetan qui sera une copie du premier. Je reste d'ailleurs convaincu qu'en m'éradiquant du paysage, une autre forme de Johnny B refera surface. Par contre, l'unicité, elle, nait de nos idées propres. Donc, on pourrait changer le dicton de Descartes par je pense donc je suis unique. J'ai longtemps voulu effacer mes pensées trop envahissantes en vain. Or, pour pallier à ce phénomène de merde, j'ai choisi d'aller en sens inverse. La psychologie étudie la pensée humaine et ses mécanismes. Je me suis donc lancé dans l'étude de ces pensées chez moi comme chez l'autre. Pendant les études, la raison de ce choix a pour but d'aider son prochain. Par la suite, voyant que l'humain en général est une espèce à chier, le bagage sert davantage à se protéger des cons, à se la péter universitaire et en une expérience continuelle pour décoder les pensées de l'autre.


L'idée de créer une société docile et carrément éteinte de toutes émotions s'avère juste au niveau de la justice. Sans haine, aucune violence. Sans amour, aucune appartenance. Sans réflexion, aisément manipulable. Pourtant, et c'est cyclique ici aussi, il y aura toujours un mouton noir. Dans le film, il s'agit de ceux qui refuse la dose. En réalité, la merde fertilise la mauvaise herbes donc, pour un imbécile qui arrive, 2 autres arriveront incessamment. Le monde parfait représente une utopie qui n'aura jamais lieu. L'idée d'avoir une dictature juste et miséricordieuse n'appartient qu'à des fabulations religieuses puisque peu importe l'élu qui sera au pouvoir, ce même pouvoir le rendra imbu de lui même et la merde arrivera. L'arrivée de l'intelligence artificielle n'a donc rien de rassurant puisque le robot fera sans doute mieux que l'homme et ce, sans même ressentir quoi que ce soit. Une aubaine pour les hauts dirigeants qui peuvent tout de même se faire prendre au piège. Cette technologie n'est pas sans faille or une seule défaillance peut avoir des conséquences funestes. Un demi-tour du robot et il vous mettra une balle dans la tête étant donné que son logiciel interne a interprété une menace. L'humain, quoiqu'imbécile, demeure prévisible, manipulable et obéissant surtout confronté à la peur. D'ailleurs, le film dépeint adroitement la suprématie du gouvernement clerc qui " nettoie" les zones infectées par les rebelles. A ce chapitre, je dirais que vivre dans ces conditions programmées, tu peux toujours tirer , rien à foutre de ton faux monde aux fausses idoles.


Ma rébellion se résume surtout à dénoncer de manière littéraire. Quotidiennement, je soulève les non-sens autour et me fait un malin plaisir à les foutres dans la tronche de ceux qui le méritent. On me dit hypersensible, hypervigilant, et cet état me donne souvent un avantage sur le monde qui m'entoure . La clairvoyance. Je comprends le jeu. Et souvent, celui-ci n'a d'intérêt que pour ceux qui aiment adhérer à quelque chose. Le désavantage réside, pour sa part, à une vision pessimiste de la réalité qui, trop souvent me donne raison. Toutefois, le fait demeure que la plupart du temps, la partie est perdue d'avance. Le film met donc le doigt sur une blessure encore d'actualité. Le choix. Certains pays tolèrent, d'autres punissent, la démocratie ne ressemble plus à ses fondements de base.


Gardez votre substance de merde. J'ai déjà essayé de chasser mes émotions et mes pensées. Jusqu'à présent, on parle d'un échec monumental. Le prozium ne ferait pas exception...

Créée

le 8 avr. 2025

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Johnny B

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