Après avoir été longtemps un courant phare à Hollywood jusqu'au milieu des années 1960, le péplum était devenu un genre démodé jusqu'à ce que Ridley Scott en livre sa version avec Gladiator.
Le britannique prend, dès le début, la décision de ne pas s'imposer une lecture historique. Les personnages ayant vraiment existés ont une destinée imaginée, et seuls quelques éléments sont gardés de la réalité (l'imagine Stoïcienne de Marc Aurèle, l'égoïsme de Commode ...). Cela permet à Scott d'avoir les mains totalement libre pour se servir de la grandeur et de l'image de l'Empire pour mettre en avant une vengeance qui se veut épique.
Cette distance historique ne l'empêche pas de nous faire plonger dans un Rome sublime, avec des décors spectaculaires et une parfaite alternance entre naturels et numériques. De la reconstitution de Rome aux statues d'Auguste en ant par un impressionnant Colisée, il retranscrit à merveille la puissance archéologique d'une ville à son apogée.
C'est donc l'aspect épique qui domine le film, sublimé par une bande originale adéquate ainsi que des thématiques simples autour de l'honneur, la famille ou l'héroïsme et un savoir-faire total de Scott pour donner de l'ampleur aux images et mettre en scène l'archétype du récit héroïque. C'est, tour à tour, fascinant, sous tension ou encore violent, et bien des séquences sont mémorables, étouffantes parfois, et ce dès le début, en Germanie jusqu'au final.
Les personnages sont soignés, très bien interprétés (Phoenix apportant une nuance dans son jeu, Crowe redéfinissant le héros épique et une foule de second rôle sans aucune fausse note) et les deux protagonistes permettent à Scott de mettre en place un duel et une dualité, avec des caractères opposés. Les symboles, sans être lourd (bien que la frontière ne soit parfois pas loin), ne manquent pas, à commencer donc par l'opposition entre Maximus et Commode, le bon général vertueux et dans l'honneur face au tyran violent et lâche.
Ridley Scott redonne ses lettres de noblesses à un genre qui avait pris la poussière depuis bien longtemps, mais aussi au style épique et influença toute la décénnie à venir. Emmené par de parfaits comédiens, Gladiator restaure la grandeur et l'ambition d'une Rome qui vivait la fin de sa Pax Romana, et se veut aussi ambitieux que fascinant.