GLORIA MUNDI (15,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2019, 107min) :
Pour clôturer cette journée exceptionnelle au Festival du film francophone d'Albi Les Oeillades, Gérard Meylan est venu présenter et débattre avec ion et conviction (notamment pour la grève générale du 5 décembre) avec le public, à l’issue de la projection en avant-première de Gloria Mundi de Robert Guédiguian
Un film qui a enthousiasmé le public, conquis par ce diamant noir, poli par l’un de nos réalisateurs fervent défenseurs des « gens modestes ». Au cœur d’une Marseille hostile et grise, le réalisateur livre une tragédie contemporaine, à travers le destin d’une famille – microcosme de notre société en décomposition – prise en étau entre la macronisation de l’esprit, où le cynisme érigé en nouvelle valeur pousse la jeune génération à vouloir être d’être « premier de cordée » quitte à broyer les miséreux, et le reste de la famille dont la résignation a pris le dessus sur l’envie de combattre. Seul espoir, la naissance de Gloria qui va devenir le lien d’une solidarité mise à mal et engendrer la sacralisation d’un ancien détenu qui se réfugie dans le beau à travers des haïkus pour ne pas voir ce Monde défiguré par ces tours qui prospèrent au-dessus de migrants réfugiés au vieux-port et veut aider les siens quitte à se sacrifier.
Ce geste politique percutant est décliné avec force par les interprétations impeccables de la troupe d’acteurs de Guédiguian (Gérard Meylan, Ariane Ascaride – récompensée par le Prix d’interprétation féminine Mostra de Venise 2019 –, Jean-PIerre Darroussin, Anaïs Demoustier…)
Un film qui sonne comme un cri de colère, destiné à réveiller les consciences, sous peine de finir comme cette famille, tous victimes d’une vie qui n’a plus de sens. Sombre. Poétique. Amer. Saisissant.