Greedy People
5.9
Greedy People

Film de Potsy Ponciroli (2024)

L’appât du gain

C’est un fait, entre les sorties en salles, les sorties DTV et les sorties VOD / SVOD, il y a beaucoup plus de films qui sortent qu’avant. Et du coup, il y a beaucoup plus de films qui restent dans l’ombre et qui resteront sans doute toujours dans l’ombre. C’est dommage car dans le tas, il y a des petits films sympathiques, qui valent le coup d’œil, et même de très bons films qui mériteraient d’être découvert. Mais il en est ainsi, et c’est le devoir des sites ou des spécialistes cinéma sur les réseaux sociaux d’essayer de les faire sortir de l’ombre, d’essayer que d’autres personnes s’y intéressent. Alors après les méconnus Die Alone et Last County, laissez-moi vous parler de Greedy People, arrivé chez nous directement sur Prime Video, une petite comédie policière aux relents d’humour noir qui, bien que ne concourant clairement pas pour les oscars (ça n’en a d’ailleurs pas la prétention), permet de er un petit moment très sympathique à défaut d’être mémorable.


Greedy People est réalisé par Potsy Ponciroli, qui avait mis en scène trois ans auparavant l’étonnant Old Henry (2021), producteur sur le Jay and Bob Contre-Attaquent Encore (2019) de Kevin Smith, et va utiliser le schéma bien connu de plusieurs groupes de personnes qui convoitent le même magot et qui vont finir par s’entretuer pour ce dernier. Un format classique où un évènement va déclencher une série d’évènements qui révèleront ce qui doit remonter à la surface pour finir dans un bain de sang. Greedy People va commencer de manière très légère, avec cet agent de Police qui va arriver, avec sa femme enceinte, sur l’île de Providence et sa criminalité proche de zéro. Il va faire la connaissance de son binôme et de sa conception particulière d’une journée de travail consistant à aller boire / manger gratuitement chez les commerçant du coin, faire l’amour à sa copine mariée pendant que son mari est au travail, et faire des petites interventions de routine. Mais lorsqu’un jour, ils sont tous les deux mêlés à un meurtre accidentel et qu’ils trouvent la somme de 1M de dollars, les ennuis vont commencer. Là, le « greedy » du titre, signifiant « cupide », va prendre tout son sens et le film va se mettre à explorer le côté sombre de la nature humaine dès qu’une grosse somme d’argent est en jeu. A partir de là, les petits moments légers et les sourires de la première partie commence commencer à laisser place à des moments plus inconfortables et à une tension dans le dernier acte lorsque les cadavres vont commencer à s’entasser, bien que le ton du film ne devienne jamais trop rêche. On pense forcément au cinéma des frères Coen, ou plus récemment à des films comme The Last Stop in Yuma County (2023) ou LaRoy Texas (2023), s’inspirant d’ailleurs eux-mêmes du cinéma des frères Coen, et Potsy Ponciroli semble assumer à 200% ses inspirations. Malheureusement, Greedy People n’exploite clairement pas son potentiel et se fait même un peu trop « propre sur lui » dans le sens où il semblerait que, pour ne pas se faire lyncher en place publique, ce soit la pureté qui sorte gagnante à la fin.


Le réalisateur fait un bon travail de mise en scène. Son film est propre, a de l’allure, et il sait naviguer sans aucun souci entre les genres, maitrisant le léger humour noir du scénario tout du long au point que, lorsque la fusillade éclate, on ne peut s’empêcher d’avoir un petit sentiment de jouissance. La distribution est également très bonne et le trio principal est très crédible, en particulier Joseph Gordon-Levitt qui semble s’éclater comme un petit fou dans un rôle de flic un peu gênant, excentrique limite, le genre de personnage prêt à exploser n’importe quand. Les dialogues sont bien structurés, souvent drôle, et donnent un ton souvent décalé à certaines scènes. Qu’est-ce qui cloche donc réellement dans Greedy People ? Déjà, il y a ce troisième acte, à la fois rempli de moments jouissifs (le carnage cité ci-dessous) et de ficelles / coïncidences beaucoup trop grosses pour er inaperçues, mettant à mal le poids émotionnel de certaines scènes. Il aurait fallu une approche un peu plus profonde, plus axée sur les personnages, avec plus de dilemmes moraux, qu’une succession de coïncidences qui vont s’articuler un peu trop bien pour être crédibles (que fait la secrétaire blonde dans l’hôpital lors du final ?). Et puis il y a les personnages, aussi sympathiques soient-ils. Dès le premier acte, on comprend qu’aucun n’est digne de confiance à l’exception d’un seul, et il est donc facile de deviner qui va survivre ou pas lors du dénouement final. Ce genre de bobine a bien plus d’impact lorsque tous les personnages ne sont ni blancs ni noirs, qu’ils ont tous (sans exception) des travers, ce qui permet de laisser constamment planer un doute en ce qui concerne le dernier acte et sa résolution. Car en général, faire « gagner » ou « survivre » un personnage un peu tendancieux a plus d’impact pour le spectateur. Malgré tout, on e un bon moment devant Greedy People et c’est bien ça le principal.


Greedy People est une petite série B loin d’être parfaite mais qui parvient à être éminemment sympathique et à nous faire er un agréable moment. Mémorable, clairement pas, mais sur le moment, ça fait le job sans souci.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-greedy-people-de-potsy-ponciroli-2024/

6
Écrit par

Créée

le 13 mars 2025

Critique lue 12 fois

cherycok

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur Greedy People

Malmener le spectateur, c'est le marquer

Ça commence plutôt bien. Le duo de flics est amusant, la situation est bien amenée, convaincante, avec une touche d'humour noir qui fonctionne. Ça commence à défaillir quand on adopte un autre point...

Par

le 21 sept. 2024

1 j'aime

Critique de Greedy People par Jonhkebab_VK

Une comédie criminelle qui se teinte d’un noir de plus en plus profond à chaque nouveau rebondissement digne d’un effet domino…

il y a 7 jours

Sympathique

Comme beaucoup je m’attendais à une comédie fun où on suit le duo de policiers qui fonctionne bien dès le début. J’aurais aimé voir ce film.Pour autant le fait qu’on suive plusieurs personnages et...

le 13 mai 2025

Du même critique

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

Par

le 31 janv. 2022

23 j'aime

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

Par

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

Par

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1