Ambiance
Hana to Alice satsujin jiken s'ouvre sur une danse monochrome. Je reste subjuguée par la délicatesse des mouvements et la caméra qui accompagne sans heurts la chorégraphie. Réduite à sa plus simple expression, cette femme esquissée s'anime et subjugue. A l'instar d'un Kaguya, c'est par la pureté de la ligne et la grâce du naturel que l'émotion s'infuse en moi. A l'instar d'un Kaguya, le bonheur est dans le trait.
Le film parle de l'adolescence avec justesse et s'affranchit des lourdeurs en papillonnant d'un thème à l'autre. Shunji Iwai parvient à brosser un double portrait sensible qui ne sombre jamais dans le facile et s'ancre dans une réalité du quotidien ouatée. Parents séparés, nouveau collège, légendes urbaines, amitié, amourette etc... le film déroule les grandes thématiques de l'adolescence. C'est un plaisir de chaque instant de se retrouver aux côtés de Alice, jeune fille de 3ème à la spontanéité débridée. Elle cultive le dynamisme et la naïveté dans un même pot pour laisser éclore une personnalité touchante. Absorbée dans son quotidien, submergée par son énergie, je regrette de ne pouvoir me mouvoir et m'émouvoir sur pellicule.
A l'opposé, Hana, pragmatique et émotive. Plus calculatrice, plus froide et plus mature. Par amour, par orgueil, elle s'imaginera épouse puis meurtrière. Que ce soit par son procédé d'animation, les scènes choisies ou la portée de ses dialogues, le film laisse échapper un parfum d'authentique qui enivre jusqu'à son dénouement. Difficile de ne pas se laisser emporter par la vitalité de ces personnages attachants, je me sens proche d'eux, de leurs problèmes d'ados, ils raisonnent en moi car ils se substituent à mes propres souvenirs.
Entre les décors photo-réalistes et l'épure des personnages, l'animation fluide et pourtant chaotique, le rose de l'enfance et le bleu de la maturité, Hana to Alice satsujin jiken se révèle à moi avec ses paradoxes. Le film arbore la beauté fugace d'une première fois, la candeur de la simplicité et le charme électrisant de la jeunesse. Parfois brouillon dans sa narration, le fil de l'intrigue se laisse dénouer sur le tard et je découvre l’œil humide qu'une amitié peu naître à l'abri d'un châssis de voiture.
Arigatou gozaimasu Iwai San.