(Critique V1.2)
Un film d’horreur comique japonais bien barge surtout dans sa forme limite psychédélique. Quoiqu’on pourrait qualifier le tout d’immense détournement du concept de vidéoclip ou de publicité (y a qu’à voir la belle-mère toujours dans le vent ou le cadre parfois trop idyllique).
D’autant que les personnages principales sont majoritairement des lycéennes qui sont des personnages-fonctions, ça se voit à leurs noms : Belle, Mach (pour « mâche »), Binocles, Kung-Fu, Fanta (pour « fantasme »), Mélodie, et Sweet.
Et bien que ça sente le film plus comique au départ, tout est prédestiné au film d’épouvante surréaliste : on commence avec une photographie en imitant un fantôme, puis on continue avec des plans et éclairages expérimentaux renforçant le côté cafouillis, imaginaire ou symbolique.
Et malgré ça et même quelques fantaisies en matière de dialogue, on comprend assez vite ce qu’il se e : notre Belle est jalouse de sa future belle-mère, en l'accusant de s'accaparer l’affection de son père veuf, elle veut donc rendre visite à sa tante. Sauf que sa tante, qu’elle n’a pas vue depuis longtemps, est aussi veuve et attend le retour de son mari depuis la Seconde Guerre Mondiale.
Jusqu’ici, ça n’a l’air que de retrouvailles familiales. Sauf que sa maison isolée de presque tout semble hantée et des choses bizarres arrivent une fois Belle et ses amies à l’intérieur. Serait-ce en rapport avec son chat blanc Shiro qui ressemble fortement aux représentations mythologiques de sa maison, un peu l’équivalent clair du Chat Noir chez nous ?
Un vieux chat ouvre les portes de devant avec ses pattes. Mais s'il les ferme, c'est un fantôme.
On comprend aussi assez vite que sa tante est un fantôme qui possède ensuite Belle pour regagner une jeunesse éternelle et nourrir sa force vitale en prenant celle des autres filles. Déjà que Mac a disparue dans le puits et que Mélodie s’est faite dévorer par le piano (même que ça a inspiré Super Mario 64).
On pourrait aussi voir un peu House comme un prototype de Evil Deadavec sa maison isolée hantée par des objets et esprits tueurs (mais s’il y en a moins et que c’est plus symbolique) qui emmènent Mélodie et compagnie dans une sorte d’enfer où leurs membres sont arrachés.
Ou au pire comme comme celui de Les Dents de la Mouche n°4 vu comment les filles ne s'inquiètent pas assez de la disparition de Mach, "partie" depuis plusieurs heures chercher une pastèque fraiche.
Pourquoi tout cela ? La tante serait-elle devenue folle ? Possible : s’étant promis d’attendre son mari qui n’est jamais revenue, c’est comme si elle avait pactisé avec un démon pour survivre et redevenir jeune et belle en attendant son retour. Son obsession aura fait d’elle un fantôme devenu immortel par amour. D’où les paroles de cette chanson qui peut toutefois tourner au malsain façon Every Breath You Take de The Police
Toute de soie vêtue [...] Je t’attendrai.
Déjà que la soie ou la couleur blanche peut symboliser la mort au Japon, voilà aussi que Belle possédée puis sa belle-mère brûlent d’un feu symbolisant aussi bien la haine que l’amour de sa tante pour son Jules toujours pas rentré. Mais qu’importe, elle l’attendra pour l’éternité s’il le faut, tant qu’il y aura du monde pour se faire prendre au piège chez elle et lui donner sa force vitale.
Toujours est-il que House est une expérience à visionner et qu’on est bien contents qu’il ait enfin été traduit chez nous et sorti en DVD.