C'est que je m'étonnerais moi-même de mettre une telle note à un film pareil. Il faut savoir que je n'aime pas particulièrement Hunger Games; pour dire cela je ne me base pas uniquement sur le premier film (auquel j'ai mis 7/10, et que je trouve globalement plutôt correct), mais sur la trilogie de bouquins que je me suis déjà enfilé il y a deux ans de cela. Si le premier opus m'avait, de même que le film, plu assez pour continuer, le deuxième avait commencé à me lasser avant que le troisième ne m'achève définitivement. La question était donc celle-ci: les films suivraient-ils la même décadence que les bouquins ?
Pas de surprise en tout cas au moment d'aborder ce deuxième volet: on retrouve Jennifer Lawrence dans le rôle qui l'a fait connaître, celui de Katniss Everdeen, malheureuse jeune femme ayant survécu aux premiers Hunger Games, jeu terrible dans lequel 24 personnes doivent s'affronter à mort, de manière à ne laisser qu'un seul survivant (une sorte de Koh-Lanta hardcore, en fait). Ces 24 personnes sont issus chacune de 12 districts qui composent Panem, sorte d'Amérique post-apocalyptique dirigée par le Capitole, qui organise donc ces jeux si sanglants (on le devine, pour maintenir une relation de terreur avec le peuple).
Evidemment, dès le premier opus, il y a un potentiel non négligeable dans ce synopsis. Mais malheureusement, Suzanne Collins, auteure des bouquins, a préféré s'adresser à un public plus large, et plus facile: celui des adolescent(e)s. On retrouve donc, au lieu des réflexions autour des médias ou autour de la Politique que l'on aurait pu attendre, des substrats de phrases pseudo-philosophiques jetées ça et là pour donner à ce film une teinte faussement intelligente, ce que fait, finalement, ordinairement ce genre de films-là.
C'est dommageable, bien sûr. Reste à pleurer ce potentiel gâché et à se focaliser davantage sur l'aspect divertissement du film: si l'on n'y va pas pour réfléchir, qu'on y aille au moins pour s'am. Et ça tombe bien, parce que ce film propose de nouveau ce qui avait plu de ce côté-là dans le premier opus: un combat à mort entre 24 personnes.
C'est, me direz-vous, redondant; certes. Je ne vais pas me plaindre de ce retour dans l'arène, puisque c'est le point fort du film, mais il faut reconnaître que la façon dont il est amené est extrêmement maladroite, et soulève facilement plusieurs questions. Tous les 25 ans, il y a un jeu dit de l'Expiation, avec d'anciens vainqueurs. Les gens savent compter, non ? N'auraient-ils pas dû s'y attendre ? Et puis, si c'est tous les 25 ans, comment se fait-il qu'il y ait un gagnant homme-femme dans chaque district ? Même sur 75 ans, c'est très très peu probable. D'ailleurs, pour les 25 et 50e éditions, comment est-ce qu'ils ont fait, pour les districts qui n'avaient pas encore de gagnants ?
Le film est ainsi divisé en deux parties: une partie "Tournée" d'abord, pendant laquelle les vainqueurs de la précédente édition de Hunger Games vont défiler dans les différents districts, et qui se révèle plutôt rapide et efficace, malgré quelques instants larmoyants et inutiles. Une partie "Arène" ensuite, où le rythme s'accélère et l'on retrouve un certain intérêt dans ce qui se e à l'écran. Personnellement en tout cas, même en sachant à l'avance ce qui allait se dérouler, je me suis laissé prendre au jeu sans difficulté, tant visuellement le film replace les protagonistes dans un cadre oppressant.
Ce que je lui reproche cependant, c'est de se reposer trop sur l'opus précédent. Celui-ci nous proposait des combats ardus et un peu plus vivants, et l'on avait une vraie raison d'être captivé par le film. Dans ce deuxième opus, qui devrait de plus être davantage captivant puisque les adversaires sont plus expérimentés, on sent que les marges de manœuvre des scénaristes (et plus globalement, de Suzanne Collins) étaient très étroites tant la volonté de sauvegarder les personnages développés est forte. Du coup, même si l'environnement est parfois hostile, il n'y a pas véritablement d'antagonisme humain, ce qui enlève un peu de crédibilité au combat dans l'arène.
C'est surtout cette fin en cliffhanger qui m'a fait remonter la note.
Elle permet, d'une certaine façon, de justifier certains des partis pris du scénario, comme le fait que Katniss n'est jamais réellement mise en danger dans l'arène. Du même coup, apparaît un semblant d'identité propre à ce deuxième opus, qui loin de n'être qu'un simple spectacle sanglant télévisé, devient une pièce de théâtre dont l'actrice principale ignore l'existence. Sans qu'on puisse le voir venir, émerge dans l'ombre la forme d'une rébellion bien plus crédible que tout ce qu'avait pu tenter Hunger Games jusqu'ici.
J'ai mis 6, et j'avais pourtant mis 5 au bouquin; un bouquin qui s'attardait bien trop sur les gémissements d'une héroïne éplorée aux réactions naïves qui contrastaient trop avec les épreuves qu'elle venait de subir. Le film, par son caractère simplificateur de certains éléments de l'univers déployé dans le bouquin, permet de couper court à certaines choses qui dérangeaient dans le original, comme la longueur et la redondance de la partie "Tournée". L'on a toujours, bien sûr, les défauts du genre, à savoir des dialogues parfois mièvres, un triangle amoureux déjà vu des quinzaines de milliers de fois, ou encore quelques facilités scénaristiques ou incohérences. Mais finalement, avec le recul, je peux dire que je me suis suffisamment laissé prendre par le film pour er outre ces défauts-là.
Alors, oui, d'un certain côté, je le conseille. Certains choix réalisés rendent le film plus attrayant qu'un bouquin qui s'étirait en futilités, proposant ici surtout un divertissement jouissif dont on regrettera les quelques fausses réflexions. Le truc est simplement de se laisser porter par le film, jusqu'à oublier qu'on a en face de nous le haut de gamme des teenage-movie; haut de gamme certes, mais teenage-movie quand même. Reste, seule, cette idée de rébellion qui habite le cliffhanger de fin et qui promet, à tort malheureusement si je me fie au livre, une révolte de qualité.