Que raconter sur ce film que je vois pour la troisième fois avec, malheureusement, toujours le même ahurissement et le même scepticisme …
J'ai un premier handicap, c'est que je ne connais guère Djamel BenSalah et donc manque de repères …
Essayons de trier dans les impressions positives…
D'abord, je trouve que cette idée d'intégration inversée est intéressante dans ce qu'elle contient quelque chose de formidablement positif. Ça a le mérite de mettre les a priori sur la table, ça bouscule les neurones. Pourquoi pas.
Le deuxième point que j'ai bien apprécié dans ce film est l'atmosphère générale de tolérance. Même si le sang méditerranéen des uns et des autres bouillonne vite dès que le mot de trop est prononcé. Mais comme les choses s'arrangent tout aussi vite …
L'actrice qui joue le rôle de la mère de Yacine, Amina Annabi que je connaissais comme chanteuse a un regard et un sourire magiques. Pleine de douceur. Dommage que son rôle soit aussi restreint. Dommage aussi qu'elle ne chante pas dans le film …
Un autre personnage intéressant est celui du père de Yacine, interprété par Sid Ahmed Agoumi qui joue un personnage très convaincant de l'homme, foncièrement droit, écartelé entre modernisme et traditionnalisme.
La mise en scène en particulier dans les paysages très beaux algériens.
Ensuite, j'arrive au premier point dur.
La prestation de Julien Courbey. C'est le personnage né d'un père normand et d'une mère alsacienne qui s'est pris d'une grande ion pour l'Algérie au point d'en adopter un nouveau nom Abdel Bachir. Il a pris l'exubérance méditerranéenne bien qu'il n'en ait pas le physique et force est de constater que ça e dans le contexte de comédie parce qu'il fait preuve d'un culot monstre. À vouloir obstinément se fondre dans le moule algérien, il est en opposition avec son copain Yacine qui, lui, ne rêve que d'abandonner l'archaïsme des siens. Mais, personnellement, il finit par me lasser. Je pense que son personnage tel qu'il est abordé dans le film est difficilement crédible.
Si j'en viens aux points qui me gênent beaucoup dans le film, c'est l'affichage que fait Djamel Bensalah du comportement des jeunes dans les banlieues où, à l'entendre, il n'y a que des trafiquants, des magouilleurs en tous genre. Vraiment, je ne sais pas où il veut en venir. Le petit frère, en particulier ! qu'il présente comme cupide et malhonnête, bien parti pour un bel avenir de maître chanteur. Yacine qui travaille sur les marchés et qui pique de l'argent dans la caisse appelant la remarque raciste de son patron plus ou moins conscient de la magouille. Je ne parle même pas du comportement du douanier à l'arrivée du ferry à Alger, qui répond à tous les stéréotypes du fonctionnaire fainéant et corrompu. Était-ce utile ? Cet affichage assumé me semble bien au contraire desservir le film en cela qu'il est à charge pour les arabes des banlieues sur des points que le spectateur lambda peut considérer comme mineurs par rapport à d'autres problématiques, graves et oubliées. A faire de l'angélisme, autant le faire à fond…
Au final, le film part sur une très bonne idée (l'intégration inverse) mais la mise en œuvre accumule trop de maladresses pour le rendre crédible. Quant à er pour un conte qui est peut-être l'idée de Bensalah, je n'ai pas réussi à m'en convaincre…