Hipsterception.

Inception, c'est encore le film " Attention c'est philosophique, on le crie haut et fort, ça va faire mal à votre cerveau même que la toupie elle s'arrête pas à la fin ". C'est encore le film qui essaye de dire avec des pensées ce qu'il ne peut pas dire avec des caméras, et, en partie, inversement.

Techniquement, Nolan prouve qu'il sait briller, c'est déjà ça. De jolis décors recherchés et variés, de beaux effets d'eau, des miroirs et jeux de lumière, des explosions pas trop agressives, et un casting amazing, sauf Marion Cotillard qui ne sert qu'à être le produit exporté qui fait vendre. Si l'on garde la beauté cinématographique, Inception est excellent et très plaisant, oui, autant qu'un bon gros blockbuster américain avec des hélicoptères qui explosent.
Mais, comme le monde aujourd'hui est un peu con, pour reprendre une métaphore du Yéti, Nolan décide de ne pas garder ce blockbuster comme une " bonne pizza surgelée ", et, parce qu'il est trop hype, la saupoudre d'épices rares, de crème légère cinq étoiles, de lit de salade digne des restaurants contemporains, et la sert dans une assiette épurée sans bords en verre blanc.

Sauf que c'est toujours une pizza surgelée, et que saupoudrer un film techniquement réussi de " philosophie du rêve " tortueuse, de mise en abyme qui n'a aucune incidence sur la réalisation (c'est dommage, il aurait pu en profiter, mais n'est pas Kubrick qui veut), et de matraquage " vous pouvez pas comprendre, c'est trop hype ", ça donne l'impression légèrement indigeste d'être pris pour un con.

À tous ceux qui en ont marre des films contemporains qui se sentent obligés de rajouter un fond pas clair pour mettre la forme complètement en arrière-plan, on se retrouve à la prochaine pizzeria ; faut savoir faire un choix.