J'ai grandi avec la série, c'est ma madeleine de Proust, mon moment doudou, je connais ses personnages et ses sous intrigues. Plus que je ne l'ettrai jamais. Et sans ça, je n'aurai clairement pas compris et encore moins ri pendant la projection.
Pour résumer, Alexandre Astier nous propose ici le premier volet d'une trilogie faisant suite à sa série arrêtée il y a 10 ans diffusée sur M6. Série ayant évolué dans plusieurs formats : le sketch court burlesque, une tentative plus naturaliste et sombre pour finir sur une reconstitution presque historique de la Rome antique.
Au centre de tout ça, on a Alexandre Astier qui gagne en confiance en soi sur son matériau expérimentant, à son échelle, toujours plus. Cette parenthèse de 10 ans n'a pas été un vide dans sa carrière entre spectacles et films, d'ailleurs.
Parlons un peu du film Kaamelott premier volume, maintenant.
Dès le début, on remarque une chose : les personnages ne sont pas présentés, l'action file et ne s'arrête pas. C'est particulièrement dommageable ici car les personnages vont et vient pour les besoins de l'histoire mais sans une grande fluidité : que devient le duc d'Aquitaine ? Vennec ? La dame du lac ? Pourquoi lancer le nom de Papinius si ce n'est pour flatter l'ego du fan se souvenant de ce running gag de la saison 6 ? (ça ne marche pas, désolé)
Tout ça pour dire qu'on ne comprend pas tout mais le film ne nous laisse jamais le temps de réaliser pourquoi c'est con ou pourquoi c'est bien, il avance, lançant son fan service à la tronche de qui veut bien le prendre et tant pis pour le reste.
Le montage est totalement épileptique par moment, tout est brouillon et le moindre dialogue se transforme en fin de requiem for a dream pour aucune raison.
De plus, monsieur Astier a l'air de manquer de compréhension du vocabulaire de base du cinéma. On le voit, par exemple, lors de la scène avec Clovis Cornillac où un plan se termine sur un ciel de nuit avec une Lune bien visible et reprend non pas sur le même ciel mais de jour, mais sur un chantier d'ouvriers, perdant ainsi le focus de la scène que l'on comprend comme un cut vers un autre arc narratif alors que pas du tout. Le film est bourré de ce genre de problèmes et c'est bien dommage.
Mais c'est d'autant plus dommage que certaines scènes fonctionnent vraiment bien ! La scènes où Arthur arrive à la tour de Gueunievre par exemple, ou le campement burgonde. Les dialogues aussi sont hilarants quand on comprend qui parle à qui et pourquoi !
La scène avec excalibur manque grandement d'épique mais il y a un petit jeu rigolo avec la vieille animation de flamme sur l'épée qui s'interrompt puis qui reprend plus tard avec un tout nouveau template, signe qu'Astier a conscience d'avoir progressé sur cet aspect là.
En fait, entre ces quelques jolies scènes, les costumes magnifiques et la BO, on voit bien que ce qui pêche, c'est vraiment le cinéma. Les idées sont là et l'ambition de les réaliser aussi, reste à se donner les moyens de le faire.
Et parfois, se donner les moyens, c'est demander à d'autres, déléguer n'est pas une faiblesse.
Ça sera mieux pour le volume deux, on y croit.