Trois hommes, trois vies.

Au Cinéma - devant la caméra et dans son plus simple appareil - n'importe quel sujet est matière à réalisation : c'est ce que semble inlassablement se dire le vétéran Alain Cavalier d'un film au suivant, appréhendant chaque nouveau projet comme un monde à part entière, qu'il s'agisse d'une fiction ou - ici, en l'occurrence - d'un documentaire ionnant et ionné.

Avec L'Amitié le cinéaste français réunit trois de ses proches devant l'objectif pour mieux nous faire part de ses affinités diverses et variées : quels rapports le spectateur pourra faire entre un parolier de renom, un producteur de cinéma cossu et un modeste coursier de la banlieue parisienne ? Pas grand chose en définitive, les trois hommes filmés par l'oeil bienveillant de Alain Cavalier n'ayant en commun que leur amitié à l'encontre du réalisateur de Thérèse et du Plein de Super, chacun étant issu d'un milieu social différent et doué d'une vision du monde à chaque fois singulière et pleine d'humanité.

Alain Cavalier filme ces hommes d'âge mur avec l'amicalité des plus grands, laissant ses sujets accoucher de leur parole avec une élégance difficilement discutable. On se délectera entre autres choses de la reprise de Vertige de l'amour de Alain Bashung par Boris Bergman, de la sublimation d'un Maurice Bernart hautement cinégénique en fumeur aguerri ou encore de la gouaille spontanée d'un Thierry Labelle narrant ses mésaventures routières entre deux verres d'alcool...

En trois parties d'égale durée ( chacun des segments durant une quarantaine de minutes ) ce documentaire simple mais néanmoins juste et profond prouve derechef que le Cinéma de Cavalier possède encore de beaux jours devant lui, le réalisateur captant à hauteur de vie chaque sujet qu'il filme dans la plus séduisante des sympathies. Une petite pépite à voir absolument.