Le risque lorsque les gens de cinéma transposent leur propre vie et leurs expériences à l’écran, c’est de tomber dans la branlette narcissique (n’est-ce pas Guillaume Canet…).
Pourtant, en mettant en scène l’improbable histoire de leur séparation (deux apparts séparés reliés uniquement par la chambre des enfants) avec la complicité de leurs amis et de leurs familles, Romane Bohringer et Philippe Rebbot évitent brillamment cet écueil.
En effet, derrière ce projet autobiographique, il y a une volonté manifeste de raconter quelque chose de notre époque et de livrer une réflexion sur l’évolution de la cellule familiale. Cette démarche est menée sans jamais se prendre au sérieux ni asséner de discours pontifiants comme en témoigne le traitement hilarant du seul personnage représentant l’autorité et la morale judéo-chrétienne.
Le métrage construit un subtil équilibre entre la comédie dramatique et l’hymne à la tolérance tout en se moquant de certains archétypes sociaux (le vieux beau, la femme cougar, le couple gay, la célibataire endurcie, les bobos…). On saluera à ce titre l’abattage de Bohringer et de son ex (dont le swag dégingandé mériterait d'être davantage exploité par le cinéma Français) qui font preuve d’une sacrée dose d’auto-dérision.
Enfin, en dépit de son approche documentaire parfois troublante (le couple a utilisé de vraies images de leur déménagement, les scènes d’engueulades puent le vécu et dégagent une certaine mélancolie...) le film tire pleinement parti de son décor et des situations hautement vaudevillesques qu’il engendre pour livrer de belles tranches de rire.
C’est drôle, c’est touchant et ça donne une vraie putain de leçon de vie sans prendre le sujet ni les spectateurs de haut ! Foncez-y !