L'Avenir
6.1
L'Avenir

Film de Mia Hansen-Løve (2016)

Le sens de la vie.

On ne voit pas le couple légitime de l'Avenir s'autoriser des marques de tendresse l'un envers l'autre, on ne les voit pas faire l'amour, se faire l'amour, on ne les voit pas faire chambre commune, on les voit se croiser, on les voit presque er l'un près de l'autre, de moins en moins discuter, de moins en moins s'entendre et s'écouter, on voit leur couple s'estomper puis disparaître, on voit le vide, le fossé que l'un l'autre creusent entre eux, on voit leur avenir non-commun se profiler, différent pour chacun d'eux, on voit par les yeux éberlués et embués d'Isabelle Huppert et de manière fugace le mari témoigner à sa maîtresse toute la ion qui semble si lointaine pour l'épouse, ion anéantie, ion que le temps a tuée, et que l'avenir ne proposera plus, du moins c'est ainsi que l'épouse se voit : en femme de raison et de raisonnable dépourvue de ion, d'amour, de charnel, en femme-mère, en femme-grand-mère, en femme-fille, mais plus en maîtresse, plus en amante, plus en corps à se faire aimer, à se faire savourer, seulement nourrie d'une activité intellectuelle incessante dont on lui ampute finalement une part considérable - la direction d'une collection d'essais philosophiques. Avant d'éclater on voit le couple légitime légitimer sa relation par l'existence de cette bibliothèque commune - centre de leur monde - où cohabitent les livres de chacun et qui finira elle aussi par être amputée, par disparaître en partie, éclatée, coupée en deux par le partage irréversible du divorce, par la séparation de biens consommée topographiquement en somme.
L'Avenir est-ce l'avenir sans qualité et tout tracé réservé à Nathalie, comme à présent enfermée dans sa vie, dans ses copies à corriger, dans ses cours, dans ses lectures ( tout ce qu'elle considère comme sa richesse, sa profondeur, son but) mais comme privée ou voulant se priver de projets sentimentaux, de chair, de sensuel, comme reléguée alors au rang de spectatrice de son existence sans saveur, comme déée, comme cassée, et ne semblant au bout du compte ne plus comprendre la marche insensée du monde.

7
Écrit par

Créée

le 9 avr. 2017

Critique lue 183 fois

PierreK

Écrit par

Critique lue 183 fois

D'autres avis sur L'Avenir

Critique de L'Avenir par czernova

C'est un film à la banalité affligeante, au propos d'un désintérêt profond. On découvre une femme plutôt bien dans sa cinquantaine (ou fin de quarantaine, je ne sais pas), professeure de philosophie...

Par

le 11 avr. 2016

21 j'aime

16

Naissance d'une femme

Moins de deux ans après la sortie en salles d’Eden, sorte de petit ovni dans sa filmographie, Mia Hansen-Løve retourne à la mélancolie filmée au présent avec L’Avenir. Même s'il ne touche pas autant...

Par

le 5 avr. 2016

20 j'aime

8

Un lendemain vers la liberté

Grand bond en avant que cet avenir proposé par Mia Hansen-Løve qui a 35 ans s’était jusqu’alors surtout préoccupée de la post adolescence, celle d’Un amour de jeunesse ou de la musique électronique...

le 2 oct. 2016

15 j'aime

1

Du même critique

La jeune fille, la pornographie et le virtuel.

Une jeune étudiante en droit décide de marchander son corps avec des hommes riches moyennant finance dans une grande ville américaine : voilà le portrait de la prostituée moderne, indépendante,...

Par

le 5 mai 2016

7 j'aime

Mémoire fatale.

J'essaie de lire Annie Ernaux depuis des années, je ne crois pas avoir oublié d'essayer de lire un seul de ses livres qui sont de la littérature, une certaine façon d'écrire sur la vie, mais qui se...

Par

le 10 avr. 2016

3 j'aime

7

L'art de la guerre

Menée tambour battant, une série politique à la française qui secoue et embarque, un retournement dès le troisième épisode, on est vite accroc, on enchaîne, on y croit, on savoure. Construite comme...

Par

le 10 févr. 2016

3 j'aime

3