Gangster oedipien

Après l'attaque d'un train qui aura coûté la vie de deux convoyeurs, un gang, emmené par le gangster Cody Jarrett, se retrouve soupçonné par la police. Pour y remédier, Cody Jarrett va se faire acc d'un délit mineur...


Braquant tout le long sa caméra sur Cody Jarrett, gangster psychopathe qui n'a d'amour que pour sa mère, Raoul Walsh signe avec L'enfer est à lui un film de gangsters brillant et placé sous le signe du complexe d’œdipe. Il dresse un portrait aussi fascinant que sombre de cet homme, un gangster violent en proie à des névroses et à de fort dilemmes intérieurs. Malgré tout, il arrive à nous faire ressentir de la comion et même de l'attachement envers lui, malgré ses actes criminels et la façon dont il traite les autres membres du gang.


Brillant, notamment par sa qualité d'écriture, Walsh n'oublie pas de dresser le portrait de toute une galerie de personnages consistants gravitants autour de lui, participant à la mise en avant de sa folie. Il nous emmène dans divers chemins scénaristiques parfois inattendus pour terminer sur un final explosif, ce qu'il maîtrise à merveille, sachant, tout le long, retranscrire la particularité des personnages. Si Walsh s'intéresse énormément à la psychologie de Jarrett, il n'en oublie pas l'efficacité avec des scènes d'action superbement réalisées et une oeuvre parfaitement bien rythmée.


Il instaure une atmosphère crépusculaire, sombre et cruelle vraiment prenante, et met en scène un univers noir où l'on trouve folie, meurtre, manipulation, trahison et amour qu'il retranscrit à merveille. Il orchestre son récit avec brio, sachant être efficace tout en exploitant bien le contexte et mettant en avant la folie de Jarrett et les éléments qui vont le pousser à bout. James Cagney livre une remarquable composition, fait ressortir toute l'ambiguïté et les dilemmes de son personnage et nous fait très bien ressentir la façon dont son amour pour sa mère lui dicte ses choix.


Brillant de bout en bout, L'enfer est à lui bénéficie de la maîtrise de Raoul Walsh qui orchestre là un film de gangsters sombre et crépusculaire mais surtout ionnant tout le long et emmené par un formidable James Cagney.

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le 6 nov. 2016

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Docteur_Jivago

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